Le président Xi Jinping vient, lors du récent comité du parti, de resserrer un peu plus sa mainmise sur le gouvernement chinois. On promeut à nouveau une idéologie du chef qui accentue l’affirmation revendiquée d’un régime autoritaire et la glisse vers le dogme de son infaillibilité. Évolution classique, presque mécanique, des institutions de gouvernement qui sont construites à partir du triptyque terreur, corruption, prévarication.
Cependant, si le dogme, la liturgie et les modalités d’exécution respectent les conventions « classiques » de la vie des dictatures, le choc avec les réalités du monde continue à travailler, souvent de manière paradoxale un « empire du milieu » qui marque beaucoup de points sur la scène internationale.
Croissance économique malgré tout soutenue – supérieure aux taux de croissance américains déjà élevés-. Emprise sur la Mer de Chine, déploiement naval en océan indien, soft power en Afrique, asphyxie politique lente de Taiwan malgré la faible maitrise sur la rue de Hong Kong, soutien efficace et discret à la Corée du nord, bienveillance vis à vis de l’Iran, soutien à Maduro ; « debt trap diplomacy » etc…
Malgré tout, nous européens, prudemment placés aux cotés de Washington dans la guerre commerciale ouverte avec Pékin, nous savons qu’il nous faut jouer une carte un peu originale.
Même s’il est déjà clair que la future normalisation de Hong Kong ne respectera pas l’esprit du « handover » britannique ; nous tolérons sans ciller les critiques de Pékin lorsque nos flottes croisent dans des eaux internationales contestées, nous continuons à accepter que l’Europe puisse être assimilée à un sac de confettis étatiques qui par exemple n’excluent pas Huawei d’appels d’offres sans réciprocité.
On ne sait pas encore si la deuxième étape du Brexit, celle de la négociation de la relation future – qui devra vraisemblablement s’ouvrir en début d’année prochaine- sera ou ne sera pas favorable aux britanniques et aux Européens du point de vue de la Chine. On peut néanmoins être sûr que les cartes seront brouillées par le simple jeu des Britanniques qui, au même moment, discuteront d’un – nouveau ?- lien transatlantique avec les États Unis.
Au-delà de la protection de nos exportations -essentiellement allemandes-, de nos intérêts commerciaux et surtout des grands enjeux du futur : numérique, santé, environnement ; il faudra aux européens trouver un modus vivendi à plusieurs bandes, qui respecte leurs valeurs démocratiques.
La partie ne parait pas hors de portée ; peut-être aussi, ce sera un des premiers bénéfices du Brexit qui allègera les européens d’un gros protagoniste historiquement « chargé ».
Le symbole de la forte présence de la Commission européenne aux côtés du président français durant sa visite à Shanghai de ce novembre 2019 renforce le caractère continental de nos diplomaties ; il peut montrer une direction et par là être porteur d’espoir pour tout le vieux continent.