Vaccin et environnement
Nous en sommes à peu près sûrs, nous aurons un vaccin Covid-19 à la fin de l’année ou au plus tard fin janvier.
Que ce vaccin soit russe, américano-européen, anglais ou chinois, cela ne change rien. Une campagne mondiale de vaccination démarrera dans le courant de l’hiver prochain, la covid-19 ne sera plus qu’une très sévère grippe.
Les gouvernants et les peuples, vont peut-être pouvoir souffler et se tourner vers des sujets plus sérieux.
Le bilan des morts ne sera, et de loin, pas comparable aux grandes pandémies précédentes.
Le nombre de morts en excédent par rapport à la normale disparaîtra.
Nous aurons simplement connu une petite accélération des décès de gens de mon âge.
Beaucoup de bruit pour pas grand-chose.
Cependant au fil de toutes ces semaines on a vu que la réponse extrêmement et justement contraignante de la plupart des pays développés, avait créé les conditions, non pas d’une rupture des modes de vie mais de l’accélération de leurs dérivées.
Il est trop tôt pour parier sur un effondrement durable du transport aérien, une accélération du cycle court et de l’économie circulaire. Ne parlons pas du développement de la frugalité.
Il est cependant probable que le travail à distance, dans les pays développés au moins, sera de plus en plus à l’honneur. Ce qui entraînera une modification fondamentale du fonctionnement de la plupart des entreprises. Ce changement très profond est encore peu mesurable.
Les thèmes environnementaux, eux sont toujours aussi maltraités par les peuples et leurs gouvernements.
Malgré une augmentation des injonctions, des dénonciations, des dénégations, des anathèmes, des discussions, des contestations et des controverses qui nourrissent et feront demain les beaux jours des plateaux de télévision et des réseaux sociaux ; faute de clarté « la promesse verte » fait au mieux du sur place.
Pourtant le sujet est presque limpide.
Le monde souffre d’une population triplée par rapport à celle que le globe portait il y soixante ans. Notre consommation d’énergies fossiles et d’autres ressources naturelles est exponentielle.
La première question, presque la seule tant elle est saillante, est celle qui a trait à la consommation d’énergie.
Sans elle, sans la quasi-gratuité des énergies fossiles pas de conditions de vie acceptables. Presque pas de vie tout court, conditions de travail, emplois d’enfants, travail forcé, esclavage, retour aux conditions de vie effarantes de l’antiquité, du moyen-âge ou de la révolution industrielle.
En clair il faut bien d’abord privilégier les activités et les énergies qui émettent peu de carbone : énergie nucléaire, énergie hydraulique, solaire et éolienne. Il faut ensuite pouvoir stocker cette énergie ; compliqué aujourd’hui.
Enfin,
- Si on sait contrer la protestation des pays bénéficiaires de la production de ces énergies fossiles, et croyez-moi ils sont très puissants, États-Unis, Chine, Inde, Russie, Arabie Saoudite, Iran.
- Si on accepte les récriminations de tous ceux qui vivent du filon et qui perdront à terme leurs emplois.
- Il sera probablement possible, à court terme de nettoyer au sens propre et au sens figuré l’air et l’eau et la terre de notre planète.
Cependant, si convaincre les dirigeants du monde est probablement possible ; violer les peuples est souvent inaccessible.
Le Gaz en Méditerranée
Le fil de L’énergie est un bon fil.
Ses sources, ses routes, ses marchés, sont un des fils rouges de la politique internationale depuis la révolution industrielle.
Comment comprendre la politique japonaise sans connaître les termes géopolitiques de sa dépendance au pétrole, au charbon, au nickel ?
Comment ne pas saisir la nature des liens entre l’Amérique et l’Arabie saoudite sans les mesurer à l’aune des accords du Quincy et de la production domestique notamment le gaz de schiste.
Les déboires récents de la Turquie, l’hubris de son dirigeant, les nécessités politiques liées à la consolidation de la coalition « rouge-vert-brun » et les difficultés économiques structurelles du pays, le conduisent à vouloir s’emparer des sources d’énergie à portée de main, celles de la Libye, mais aussi et surtout les réserves de gaz enfouies sous la Méditerranée orientale. Subsidiairement il s’agit également de ne pas mettre l’Anatolie à l’écart des transits provenant du golfe persique et d’Asie mineure et centrale.
Détail, ces réserves n’appartiennent pas à la Turquie.
La légitimité du mouvement c’est un besoin d’« espace vital ».
Air connu des vieux européens qui savent que cette recherche est finalement synonyme de guerre totale.
La posture turque, outre son intrinsèque agressivité, sans parler du chantage aux réfugiés, nourrit un entrelacs d’implications, avec les USA, les monarchies pétrolières, l’Iran, l’Egypte, Israël, Chypre et la Grèce bien sûr ; et par là tous les Européens. On ne parlera pas des bases britanniques à Chypre, Brexit oblige.
Souvenons-nous d’Hitler, c’est comme un feu de forêt à éteindre : une seconde : un verre d’eau ; dix secondes : un seau d’eau ; une minute : un mètre cube ; une heure : l’océan.
Aujourd’hui mon unité est le mètre cube.
Le nœud gordien était bien en Anatolie ; il nous faut un nouvel Alexandre.
Zéphyr démocratique ?
On observe la nervosité et l’agressivité de l’administration et du sénat américain à l’égard de l’Allemagne, dont le pipe-line la reliant à la Russie à travers la Baltique privera à terme les pétroliers américains du client polonais !
Il ne s’agit pas de politique mais de commerce !
A point nommé, le secrétaire d’État Pompéo accorde à la Pologne le stationnement de forces américaines pour le moment déployées en Allemagne.
Pourvu que les Allemands comprennent à temps !
Le même Mike Pompéo tord le bras des Afghans pour qu’ils libèrent quelques centaines de Talibans aux mains couvertes de sang, pour offrir au Président des États Unis un retrait militaire avant l’élection de Novembre.
La pression sur la philosophie constitutionnelle démocratique américaine ne se dément pas, la société, comme ses Institutions, est chaque jour plus divisée. La relation entretenue avec le reste monde est souvent illisible. Quel que soit le résultat des élections il en sera de même tant que la Nation américaine n’aura pas reconstruit les bases d’un nouveau contrat social.
Mais, de manière tangible, l’espoir renaît là où on ne l’attendait pas.
Les Biélorusses se rebellent, les Thaïlandais protestent, Taïwan s’affirme comme un avant-poste chinois démocratique, le peuple Libanais lutte avec dignité.
Les valeurs universelles de la vie coopérative et démocratique poussent souvent sur un tas de fumier.
Qu’il en soit de même pour la vaccination covid-19.
Pierre Brousse
Le Pradet 16 Août 2019