2020 Annus magnus et anteludium
La pandémie partie de Wuhan il y a plus d’un an, soigneusement dissimulée par la dictature chinoise a marqué l’ouverture de 2020. Encore très active à l’heure de ces lignes, elle ne s’est pas traduite par une mortalité élevée mais elle aura puissamment contribué à révéler (la ?) (Une ?) vérité sur les équilibres et les dynamiques de nos sociétés contemporaines, dans tous les domaines, sous toutes les latitudes.
L’année finissante aura aussi ponctué cette récession démocratique commentée récemment par Francis Fukuyama. Cette tendance qui s’affirme depuis une dizaine d’années entrera t’elle en déclin avec la fin des mandats Bush, Bolsonaro, Kachinski, Orban. On voudrait y croire. Mais les échéances climatiques essentielles qui sont devant nous ne seront-elles pas un nouveau stimulus pour l’offre autoritaire ?
Les Khmers verts ne sont jamais loin.
Trump vs soft power
La démocratie américaine a été un grand produit d’exportation certes vendu avec l’arrogance des vainqueurs. Néanmoins, malgré les très graves défauts de la société américaine, elle représentait une forme institutionnelle très achevée, qui est soyons en sûrs le moins mauvais de tous les systèmes politiques.
La pitoyable contestation du système par un président dont la vulgarité est la principale qualité a très profondément entamé le magistère moral américain. Même surfait, il a été un très fort atout de la puissance économique et militaire du pays, comme de sa grande attractivité. Les dégâts sont profonds, nous devons à la fois nous en réjouir et nous en inquiéter.
Brexit et nostalgie
Nos voisins anglais, deuxièmes vainqueurs de la deuxième guerre mondiale ont voulu sortir du projet politique européen tenaillés par la nostalgie. Ce sentiment si merveilleux en poésie est dévastateur dans le domaine des relations internationales. Réinventer le monde de la « rule Britannia » est bien hasardeux. Cela caractériserait-il une panne d’imagination et de réalisme ?
Les pragmatiques britanniques y gagneront au plus une vassalité plus accentuée vis-à-vis d’une Amérique désintéressée par son Est ; au mieux une nouvelle guerre des deux Roses et un statut de petite Bretagne. Nous verrons.
La Chine sans filtre
Dans sa relation confucéenne avec un pouvoir pyramidal et patriarcal la société chinoise reste ancrée dans des principes fixés il y a presque deux mille cinq cents ans. Elle se dirige lentement mais sûrement vers un paroxysme. Pékin joue « dur » dans toutes les phases de jeu interne et externe. Sa force est dans ses quadragénaires qui mesurent bien l’énorme chemin parcouru en termes de richesse et de puissance par rapport à l’époque de leurs aînés, baptisés à la politique par le Grand Bond en Avant puis la Révolution Culturelle, vivaient dans des conditions, à tout point de vue, épouvantables. L’absolutisme du pouvoir bien semblable au vieux système impérial – énuques et mandarins remplacés par oligarques – est face à une complexité croissante de défis politiques de plus en plus contradictoires. Le temps qui va passer effacera dans les mémoires le souvenir de la pauvreté, tandis que le joug de Pékin s’alourdira toujours plus sur les épaules des Chinois, eux même leurs peuples clients. Attendons la réaction.
L’Europe vers l’autonomie stratégique ?
Alleluia ! L’Europe s’est, presqu’en catimini, dotée d’un premier vrai budget. Chaque européen est bien responsable d’une partie de la dette de tous. Même si outre Rhin et ça et là, on veut maintenir un parapluie américain bien rapiécé, de la Grèce à la Suède on sait que non seulement, il faut s’armer, mais aussi tisser une autonomie stratégique européenne. L’évidence s’imposera-t-elle encore plus largement ? Si nos sociétés européennes sont bien en manque de sens de l’effort, elles doivent ce sursaut à l’avenir de leurs enfants.
Le défi climatique compris mais pas relevé
Curieusement, l’arrivée aux affaires de négationnistes du changement climatique a fait avancer la prise de conscience universelle de la nécessité d’agir pour lutter contre le réchauffement de la planète. Tant mieux. S’il est à craindre que les réponses politiques au problème fassent une part belle aux mesures d’autorité, malheureusement nul ne s’aventure vers les solutions nettes et accessibles que l’énoncé de la question appelle. Les peuples pour l’instant n’ont pas le courage de choisir un mode d’action. Ne désespérons pas de nous-même.
La vindicte comme légitimité
Comme la Chine, de nombreux pays moyens, des coteries religieuses, des principautés, des sociétés mercenaires adoptent des postures vindicatives ou violentes. Fruit d’une désertion de chose publique par les vraies élites, ces agressivités animales se nourrissent aussi d’opinions publiques ignorantes. La guerre, même low-cost, comme en Arménie, est un exercice facile qui transporte un instant les foules et fait espérer aux « caudillos » de grands bénéfices contre des succès sans gloire ni grands risques humains. La Russie, la Turquie, l’Inde ou l’Éthiopie sont fréquemment en pointe dans ce type de geste.
L’année écoulée a néanmoins marqué quelques limites à ces exercices, dont les coûts économiques sont peu harmonisables avec une économie mondiale en crise et des peuples en doute. Sans bénéfice instantané et consolidable, la guerre est une activité très spéculative.
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L’activité et les projets du FDBDA
Cette année marquée par la tristesse de la disparition de notre ami Bertrand Landrieu, nous a, malgré la pandémie permis de développer nos activités conformément à la feuille de route.
Partenariats
Nous avons conclu deux conventions de coopération, l’une avec l’Académie de Marine et l’autre avec la société des Explorateurs Français
Distinctions
Nous avons distingué trois très beaux lauréats, avec un fort tropisme maritime : l’auteur François Garde pour son ouvrage Marcher à Kerguelen (Gallimard) ; la société EFINOR pour ses navires de dépollution et M. Hervé Guillou s’est vu attribuer notre Grand Prix.
Ces attributions ont eu lieu au cours d’une cérémonie numérique que chacun pourra retrouver sur la toile. A l’heure d’écrire ces lignes, nous ne connaissons pas encore la date de la cérémonie publique classique, au cours de laquelle nos lauréats pourront rencontrer leurs publics.
Etudes et publications
Pour notre première année pleine, nous avons activement publié et participé aux publications d’autres médias ou institutions. Au total, c’est plus de 85 publications que vous pouvez consulter sur :
D’une part, notre site a fait peau neuve, d’autre part, nous complétons notre présence sur les réseaux sociaux avec la création d’une chaîne YouTube et une utilisation toujours plus importante de Twitter.
Avec d’autres institutions notre délégué général a publié plus d’une dizaine d’articles et participé à plusieurs dizaines d’entretiens, de colloques, de conférences et d’intervention dans des institutions de formations.
Enfin nous avons débuté avec M. Christophe Chabert un partenariat qui nous a permis de publier un ensemble de cartes didactiques et de diffusion aisée.
Projets
Avec notre mécène la société ROCAMAT, nous avons pu fixer l’enveloppe technique des constructions, dont nous souhaitons doter îles ou archipels éloignés.
2021
Le programme de l’année prochaine est en cours d’établissement et envisage :
- Une intensification des relations avec nos partenaires actuels comme avec d’autres institutions aux profils comparables.
- La mise en place d’un réseau de correspondants permettant de structurer un comité scientifique animé par notre délégué général.
- L’organisation régulière de colloques consacrés à des sujets d’actualité.
- Enfin, la constitution d’une plateforme d’édition et de diffusion de cartes, analyses, études et travaux en lien avec notre objet social.
- Une collaboration avec des institutions philanthropiques.
Bonne Année à tous !
Pierre Brousse
Le 26 Décembre 2020