5e plénum, 14e plan quinquennal et autre « Vision 2035 » : la progressive et certaine dislocation de la « matrice Chine » du reste du monde

Emmanuel Veron

Par Emmanuel Véron & Emmanuel Lincot

A Pékin, l’agenda politique se précise et approche à grands pas, alors même que la pandémie n’a pas disparu. 2021 sera l’année du centenaire du PCC et en 2022 se tiendra le 20e Congrès. Nous le précisions dans une analyse au printemps dernier, la crise sanitaire a été une formidable occasion pour Xi Jinping de concentrer son pouvoir, de le légitimer et de préparer le prochain Congrès. Le calendrier rassemble par conséquent, et sur les deux années à venir, deux rendez-vous d’une importance cruciale tant sur le plan économique que stratégique. Economique tout d’abord, car le découplage annoncé par le Japon et les pays occidentaux – Etats-Unis en tête – a fait reculer les prévisions du régime dans sa volonté d’atteindre une autonomie suffisante dans le domaine de la high tech d’ici 2025 (puces et autres composants essentiels). La pandémie a corrodé la confiance des marchés en Chine même et l’appétit à la fois centralisateur et dirigiste de Xi Jinping provoque un mécontentement grandissant des petites et moyennes entreprises déjà durement éprouvées par un système à bien des égards archaïques où les prêts bancaires sont des plus limités et subordonnés non plus à des objectifs d’innovation et de croissance mais à une adhésion stricte à l’idéologie du Parti. A plus d’un titre, le malaise des élites est réel. D’une manière non moins significative, et en 18 mois seulement, deux vice-ministres de la sécurité ont été ciblés par le régime. Preuve s’il en est que les purges se poursuivent à un rythme inquiétant. Sur le plan stratégique, et à travers la commémoration du centième anniversaire du PCC, c’est bien les questions de l’unité et de la légitimité politique qui seront posées. Historiquement, cette question est dans la genèse du Parti et a même su fonder sa légitimité. Près d’un siècle après sa fondation, Taïwan n’a toujours pas réintégré la mère patrie et les troubles survenus sur les marches du pays (Mongolie intérieure, Tibet et surtout Xinjiang) nous rappellent que ce désir d’unité est loin de faire l’unanimité. A ceci s’ajoute, un problème de gouvernance tant en interne qu’en externe. Quoi qu’en dise la propagande, ce problème de gouvernance rencontre une défiance de plus en plus grande tant en Chine qu’à l’étranger. Plus que jamais, le régime et ses dirigeants seront donc sous les lumières de l’actualité et auront beaucoup moins que naguère la main sur un scénario de plus en plus compliqué, qui tend à leur échapper. Dans une théâtralisation et une guerre narrative des plus éloquentes, le régime met son succès en perspective, ainsi que sa supposé stabilité et spécule sur le délitement des autres pôles de puissance, monde occidental en premier plan. Cet article propose une analyse nuancée de la mise en scène de la victoire du Parti-Etat sur la pandémie de Covid-19.

Victoire du régime sur la pandémie ?

La pandémie partie du centre de la Chine puis diffusée dans le monde entier, semble être sous contrôle avant tous les autres Etats. En effet, la Chine a été le premier pays touché, mais aussi le premier à en être « sorti », pouvant relancer son économie et ses capacités productives. L’année 2020 aura été pour le régime du Parti-Etat, à la tête de la Chine, celle d’une accélération des tendances du passé récent (la décennie écoulée) et un formatage puissant de la décennie à venir. Incontestablement, le régime léniniste de Pékin galvanise l’image d’une sortie de crise victorieuse et poursuit les tactiques de guérilla informationnelle, spéculant sur les difficultés des régimes démocratiques occidentaux et leur affaiblissement, sinon leur sortie de l’histoire.

La plupart des tabloïdes mondiaux ont repris les éléments de langage, mûrement pensés à Pékin, faisant de l’Asie, en particulier de la Chine, des sociétés et des pays renforcés par la crise, pendant que l’Occident sombrerait dans un déclin irréversible. La récente signature du RCEP par la majorité des nations asiatiques (Inde exceptée) conforte officiellement cette analyse avec un décalage saisissant entre velléités d’intégration économique et visées militaires agressives qui poussent dans une logique de confrontation les pays signataires. Certes les méthodologies employées par Pékin, très intrusives et autoritaires, sinon totalitaires ont permis de juguler la pandémie au prix d’une ingérence cybernétique qui échappe à toute consultation et décision juridiquement collective comme celle, autrement plus efficiente, observée en Corée du Sud ou à Taïwan. Servitude volontaire et conditionnement de masse ne sont pas étrangers à ce contrôle politique s’exerçant depuis des décennies et se nourrissant d’un nationalisme revanchard, outrancier, et qui a fini dans ce pays d’un milliard 400 millions d’individus par devenir une norme incontestée, condamnant d’une manière impitoyable toute forme de critique sociale et davantage encore, de critique à caractère politique.

Si les observateurs avisés de la Chine analysent les récentes réunions politiques du régime autour de la toute-puissance de son dirigeant, Xi Jinping, comme une forme de triomphe, il n’en demeure pas moins que les temporalités de la puissance sont essentiellement différentes entre une Asie qui reste plus que jamais polarisée sur la Chine, autoritaire et impériale et l’Occident qui demeure fragilisé par une certaine inhibition dans son inaction structurelle, circonscrite dans le périmètre de ses institutions et valeurs, lui interdisant ce que les Etats-Empires (Chine, Russie, Turquie, dans une certaine mesure Etats-Unis) pratiquent assidument : agressivité, provocation, agression et non-respect du droit international. Dans la continuité de la diplomatie des « loups combattants » et de la promotion du modèle de gestion de crise, le rapport de force entretenu avec nombre de démocraties occidentales (au premier rang desquels se trouvent l’Australie et les Etats-Unis), ainsi que les incessantes intimidations à l’endroit de Taiwan procèdent d’une politique intérieure visant à légitimer le sentiment d’assiégé et de vulnérabilité.

Depuis le mois de février, et plus particulièrement depuis le 10 mars et sa visite à l’épicentre de la crise, Wuhan, Xi Jinping a fait de la pandémie un atout stratégique majeur dont les effets sur la Chine et dans le monde n’en sont qu’à leur prémices. Il y a le politique et la préparation méticuleuse de son maintien au pouvoir dans le temps, malgré les divergences au plus niveau du système léniniste de Zhongnanhai. Ensuite vient la technologie et la relance économique d’un pays qui selon le FMI, aura une croissance avoisinant les 2% en 2020. Enfin, le rapport au monde n’a fait que confirmer avec une célérité accrue, la tendance prise depuis le lendemain de la crise des Subprimes, les JO à Pékin et la transition Hu Jintao – Xi Jinping, c’est-à-dire, une velléité de suprématie, aujourd’hui mêlée à une défiance croissante d’une partie du système international.

Depuis le printemps dernier, le report au mois de mai des deux assemblées (lianghui) jusqu’au 5e Plénum du 19e Comité central du Parti communiste chinois, fin octobre dernier, en passant par la rentrée de septembre, le discours triomphaliste de Xi Jinping et les remises de décorations aux héros Chinois de la lutte contre le virus (de Wuhan), le régime reconfigure ses relations avec le reste du monde d’une part et réécrit une nouvelle page de sa politique intérieure. Respectivement, Pékin souhaite recentrer toujours plus le monde sur lui-même et vise l’autosuffisance, basée sur une consommation intérieure forte et une capacité à innover. La dynamique la plus puissante qui est à l’œuvre réside dans la consolidation intérieure, la « matrice Chine » et sa désagrégation du reste du monde. Ce double processus synthétise à lui seul la nature de la « matrice Chine » dans les relations internationales sur le temps long. Cet article propose de mettre en perspective les paramètres essentiels issus des réunions politiques de ces derniers mois à la veille du 100e anniversaire du PCC et du prolongement au pouvoir de Xi Jinping.

La fabrique de la « matrice-Chine » : défi de l’unité et Etat-Empire

Le développement de la Chine, en particulier depuis Mao s’est basé sur le sacrifice humain et environnemental (non sans références au passé des dynasties, à l’histoire longue), possible par la masse critique des paramètres de la puissance chinoise : sa géographie et sa démographie. Immense, ne serait-ce que par l’énumération de ces deux derniers critères, auquel s’ajoute le poids de son histoire, la RPC aujourd’hui, la République de Chine et l’Empire hier ont toujours entretenu une autoreprésentation de la Chine comme un tout, comme un monde qui s’est unifié, une matrice territoriale et civilisationnelle («  tout sous le ciel  » – tianxia) en expansion vers ses périphéries par absorption et unification (« les Han unifient ce qui est sous le Ciel » – han bing tianxia). Le peuple Han (dont le nom est issu de la dynastie Han et de l’empereur Qin Shihuang unificateur de la géographie chinoise en – 221) est et sera le vecteur anthropologique de l’identité post-impériale, population la plus nombreuse, plus de 93 % du volume total démographique), quand les minorités nationales (shaoshu minzu – réparties en 55 minorités) rassemblent à peine 7 % dont la distribution géographique est très périphérique. La géographie de la Chine très hétérogène et importante (9,6 millions de km² – couverts par un seul fuseau horaire réglé sur l’heure à Pékin – centre du centre du monde) a favorisé l’idée d’un monde tourné sur lui-même trouvant ses limites dans les confins des extrêmes bioclimatiques (très hautes altitudes de l’Himalaya et les déserts à l’ouest  ; les mondes froids au nord  ; le subtropical au sud et la mer à l’est). Le mur ou la muraille aidera à matérialiser et à distinguer le dedans – l’espace sinisé (de facto civilisé) et de l’espace demi-civilisé, sinon barbare, en dehors de la Chine.  Révisionnisme historique, instrumentalisation et réécriture du récit national au service d’une cohésion tendant à établir un remarquable continuum entre la Chine d’hier et celle d’aujourd’hui et ce, en éludant systématiquement les trente années de maoïsme intégral, ses quatre-vingt millions de morts et les destructions irréversibles d’une culture avec laquelle la Chine et son régime actuels entendent pourtant renouer : telle est la Chine, paradoxe vivant d’une société profondément malmenée par des crises (Mouvement des Cent Fleurs, Grand Bond en Avant, Révolution culturelle, massacres de Tiananmen) que le Parti a sciemment su organiser sans jamais présenter la moindre excuse pour les victimes, leurs familles et les séquelles et les craintes qui, générations après générations continuent à se transmettre.

La RPC est fondée sur quatre piliers fondamentaux. Premièrement, l’héritage impérial structuré par un système hiérarchique où la civilisation Han (supposée supérieure) domine les peuples tributaires périphériques matérialisant avec les montagnes, les déserts et la mer les Limes. Deuxièmement, le « siècle des Humiliations » entre la première Guerre de l’Opium (1839) et la fondation de la Chine Nouvelle (xinhua) (1949) est le terreau historique du ressentiment national et anti-occidental (Japon compris eu égard aux massacres, aux exactions et à la rivalité impériale en Asie). Troisièmement, l’idée de la Chine comme LA puissance sera l’obsession de Mao Zedong puisant dans la longue histoire impériale et la notion particulière de prééminence. Enfin, la doctrine marxiste-léniniste forgera les institutions, les organes et la politique, lesquelles reposent essentiellement sur le charisme de l’homme alors au pouvoir. C’est en cela que réside aussi bien sa force que sa faiblesse même si son aura et son autorité peuvent aussi compter sur deux arc boutants soutenant en une structure pyramidale cet édifice par ailleurs vulnérable : l’armée et le Front Uni. L’armée a par trois fois sauvé le Parti : dès sa création, en août 1927, alors que le PCC pratiquait une forme de communisme nomade et que le Guomindang (ou Parti nationaliste) le menaçant de mort, trouve là, et à sa mesure, un rival. La deuxième fois correspond à la guerre civile qu’entraîne la Révolution culturelle et des risques d’effondrement très réel du régime que sauve in extremis l’Armée Populaire de Libération (APL) du suicide politique. En 1989, enfin, alors que Deng Xiaoping en proie aux doutes se rend à Wuhan pour obtenir le soutien de l’armée et massacrer in fine les manifestants de Tiananmen. Le Front Uni (outil de contrôle et d’influence du Parti) quant à lui, plus opaque que ne l’est le PCC, en est le bras droit et entretient une relation de proximité avec les services secrets voire avec la mafia pour des opérations extérieures notamment.

Ces fondamentaux post-impériaux rendent caduque l’établissement d’un Etat-nation strictosensu et écartent l’idée d’une démocratie, à la différence de Taïwan, malgré l’enrichissement du pays et la formation d’une classe moyenne qui ne forge pas pour autant une capacité suffisante de consommation intérieure. La libéralisation du régime n’a pas eu lieu. Au contraire, le resserrement du Parti sur l’Etat et plus largement sur la société a marqué la dernière décennie à mesure que la Chine prenait une place de plus en plus importante dans le système international. A mesure que cette emprise s’exerçait, les marges taïwanaises et hongkongaises revendiquaient leur particularisme et leur double adhésion à une logique de séparation des pouvoirs d’une part, et une volonté de s’intégrer aux normes définies par l’Occident, de l’autre.

A l’intérieur du monde sinisé, le régime veille à maintenir la stabilité et l’obsession de l’unité est garantie par le Parti-Etat. Ce dernier, dans la continuité impériale, aménage le territoire à l’échelle de sa propre immensité et procède méticuleusement à uniformiser les territoires (Cf. Hong Kong, Macao, les régions de l’ouest et demain Taiwan ?). En ce sens, le régime fort ordonne, sinise et organise la matrice territoriale depuis le centre. Les grands travaux d’aménagement du territoire depuis Mao (voir antérieurement avec Sun Yat-Sen) procèdent de la sorte : barrages, défluviation, destruction des écosystèmes steppiques, des dernières forêts primaires et des agricultures traditionnelles à l’instar des systèmes d’irrigations par qanat ou karetz au Xinjiang…). Tel le maître des eaux, le Grand Yu («  le Grand Yu dirige les eaux  » Dayu zhi shui), légende fondatrice de la Chine classique, Deng Xiaoping (puis ses successeurs) avec le lancement des réformes accélérera la transformation du territoire chinois : barrage des Trois Gorges (sous la direction de Li Peng), l’urbanisation de la côte puis de l’intérieur, le TGV, l’industrialisation dans des régions stratégiques (favorisant les transferts de technologies des entreprises étrangères établies près des grandes villes), le développement de l’Ouest et enfin du projet des «  Nouvelles routes de la soie  » (ou Belt and Road initiative ci-après BRI), continuité de ce dernier. Chacune de ces phases de l’aménagement du territoire correspond à l’exercice du pouvoir des dirigeants, ayant pour objectif d’assoir par la force (déplacements de populations, destruction de l’environnement, sacrifice humain etc.) l’unité Han émanant du centre des « pays du milieu » (zhongguo). Le mouvement est vers la sinisation des grandes régions quasi-vides d’hommes pour étendre les fortes densités de peuplement de l’est et du centre vers l’ouest (non-Han et subversif pour le pouvoir central – pour l’idée post-impériale de supériorité Han). L’aménagement du territoire n’a jamais été aussi autoritaire de toute l’histoire de la Chine. Il n’a jamais été aussi subordonné à un pouvoir dont les outils de contrôle des masses forment aujourd’hui une logique de cybercrature. En ce sens, le pouvoir central travaille à une consolidation de la matrice territoriale par des dispositifs sécuritaires rendant étanche l’ensemble. La Chine peu à peu, se désagrège du reste du monde : frontières, accès au territoire, déploiements des forces sécuritaires (policières et militaires, en passant par les catégories intermédiaires composée de milices), information circulant en interne, perception du monde, etc. Progressivement, le régime installe une vidange des éléments considérés comme subversifs sur son territoire : journalistes, étudiants et chercheurs, entreprises, diplomates. Une véritable diplomatie des otages, sur le modèle iranien, s’est d’ailleurs mise en place et il n’est pas rare que des spécialistes de la Chine, universitaires occidentaux, reçoivent intimidations et menaces. Dans le même temps, l’accès à la Chine, à son territoire et à son marché est toujours plus contraint, malgré les déclarations du régime.

A l’extérieur, Pékin fait aujourd’hui la jonction avec sa politique intérieure par le biais de son appareil diplomatique, sa très nombreuse diaspora et le projet BRI (Belt and Road Initiative). Jamais la politique intérieure chinoise n’avait été aussi articulée à sa politique étrangère. C’est même le premier facteur déterminant sa politique internationale : le maintien au pouvoir du régime en place et la poursuite de la sinisation et la sécurisation de sa matrice territorialo-civilisationnelle Han. Le tout est articulé à des dispositifs technologiques de surveillance de masse, dont le système du crédit social n’est qu’à ses prémices. L’objectif est de se prémunir des crises protéiformes à l’extérieur du territoire chinois (migrations, guerres, terrorismes, etc.) et d’homogénéiser l’immense territoire et contrôler les masses, tout en palliant les problématiques démographiques grâce aux innovations technologiques (IA, quantique, etc.).

Le 14e Plan et la « Vision 2035 » : une fuite en avant ?

Le 5e Plénum du 19e Comité central du Parti communiste chinois (réunissant 364 membres titulaires et suppléants du Comité Central), qui s’est tenu fin octobre dernier à huis clos dévoila le prochain plan quinquennal (2021-2025) mais aussi une nouveauté dans le narratif du pouvoir : la « Vision 2035 ». Cet exercice politique a été l’occasion pour Xi Jinping de continuer de préparer son maintien au pouvoir après le 20e Congrès du PCC en octobre 2022. Le lancement de ce nouveau programme « Vision 2035 » en parallèle de l’annonce du 14e Plan quinquennal est plutôt inhabituel. Cette démarche est généralement dévolue au Premier ministre (à l’instar du programme « Made in China 2025 », lancé en 2015 par Li Keqiang). 2035 est à mi-chemin entre 2021 et les objectifs vantés de 2049. Le choix des nombres et des dates, toujours symboliques, suggère une installation du pouvoir de Xi Jinping dans la durée (une revanche sur le passé et ses longues difficultés à être admis au PCC). En cela, cette tendance à l’enkystement se vérifie bien au-delà de la réalité chinoise, et dans un nombre croissant de régimes autoritaires de la sphère eurasiatique, elle devient même la règle. Xi Jinping bénéficie d’un charisme lié à sa seule fonction. A la différence d’un Mao Zedong, il ne peut se prévaloir d’aucune épopée militaire (La Longue Marche), d’aucune autorité doctrinale (le marxisme léniniste sinisé en l’occurrence) et Xi Jinping n’a pour lui que l’épreuve subie à l’âge de 16 ans durant la Révolution culturelle, à l’instar de millions d’autres de ses contemporains, c’est-à-dire une rééducation à la campagne, le drame familiale de la perte de sa sœur et la destitution de son père – le cacique Xi Zhongxun, que réhabilitera Deng Xiaoping. La routinisation de l’exercice de son pouvoir et surtout le retard pris par les plus hautes autorités à considérer sérieusement l’ampleur de la pandémie l’ont considérablement fragilisé auprès de l’opinion. Une vague de terreur inédite s’est emparée des universitaires, des hommes d’affaires et des membres du Parti : chacun sait que la moindre critique à son encontre peut être synonyme d’une incarcération. A ces aspects structurels, s’ajoute une conjoncture qui n’est manifestement plus en phase avec les planifications initiales de Xi Jinping.

Ainsi, si le document du 14e Plan (2021-2025) et cette nouvelle « Vision 2035 » sont validées lors des réunions politiques en mars 2021, il n’en demeure pas moins que les thèmes mis en avant sont directement liés à trois paramètres essentiels qui font la Chine d’aujourd’hui : ralentissement économique et modalités de transformation technologique ; le maintien au pouvoir de Xi Jinping et la rivalité accrue avec les Etats-Unis, plus largement avec l’Occident.

Le document du plénum n’apporte pas de nouveautés singulières. Pour autant, il synthétise plusieurs aspects politique et économique, connus et débattus depuis plus d’une décennie :

  • Remplacer la forte croissance par une croissance moindre et de qualité.
  • Rééquilibrer l’économie avec une réforme structurelle sur l’offre.  
  • Développer la demande intérieure tout en poursuivant les exportations.
  • Modernisation du pays grâce à l’innovation et aux progrès technologiques.
  • Promouvoir une production haut de gamme, « intelligente et verte ».

Ces quelques thèmes rappellent les grandes orientations économiques souhaitées et le volontarisme des choix technologiques et sécuritaires du régime, qui restent très massivement articulés à l’Etat. Lors du plénum, essentiellement trois mots, devenus clés ont été mentionnés plus de vingt fois : « sécurité », « innovation », et « technologie ». Malgré un rebond du PIB au deuxième trimestre de 3,2 % par rapport à 2019 (essentiellement tiré par l’export et le soutien de l’Etat dans l’investissement dans les infrastructures), les termes de « croissance économique » ont été délaissés. Il y a donc, d’un côté, l’annonce des perspectives à 5 ans dans le cadre du Plan et une projection au-delà avec la « Vision 2035 ». En complément du nouveau concept de « double circulation » (shuang xunhuan), l’idée principale porte essentiellement sur l’autosuffisance dans un environnement stratégique tendu (et accéléré), notamment avec les partenaires technologiques occidentaux, contributeurs technologiques de la puissance industrielle chinoise. La volonté de développer le marché intérieur (difficile et probablement impossible dans un contexte de régime autoritaire) se double d’une question stratégique d’approvisionnement et de débouchés à l’international, alors même que le géant Huawei (par exemple) traverse de fortes difficultés. 

La composante sécuritaire a une place majeure. Concernant le domaine militaire, le nouvel objectif annoncé est celui d’une armée (l’Armée Populaire de Libération – APL) « entièrement modernisée » capable de rivaliser avec l’armée américaine en 2027, qui n’est autre que le centenaire de l’APL. Dans le même sens, le PIB chinois devrait doubler d’ici à la fin de cette « Vision », atteignant plus de 30 000 milliards de dollars, soit une croissance moyenne autour de 4 % par an. Les manœuvres et déploiements de force de l’APL aux côtés du partenaire russe ou sous la forme d’exercices conjoints de moindre envergure avec des pays tiers (le Pakistan, l’Iran ou certains pays du Caucase…) dévoilent chaque année davantage une montée en puissance de moyens soit dans le cadre d’entraînements, de projections de force (sous les auspices de l’ONU, et en Afrique notamment…) pour s’aguerrir à des réalités étrangères et se préparer à des opérations « coup de poing », néanmoins complexes, en vue d’extrader des ressortissants chinois (150 millions de par le monde) qui se trouveraient menacés.

Aussi, après avoir imposé une loi de sécurité nationale à Hong Kong (2020), le Plan évoque Hong Kong et prévoit une « gouvernance complète » d’ici cinq ans, laissant entrevoir un scénario tendu avec Taiwan. Au reste, la relation inter-détroit demeure le principal sujet d’achoppement stratégique dans le sud de la mer de Chine avec un risque très réel de déflagration qui entraînerait la riposte immédiate des Etats-Unis, et partant celle du Japon puis de l’Inde. Les récentes manœuvres du QSD (Quadrilateral Security Dialogue – QSD ou Quad) réunissant les principaux protagonistes de l’aire Indo-Pacifique sont en cela un avertissement clair adressé à Pékin dont les velléités d’expansion et de sanctuarisation de certaines régions maritimes convoitées voire et d’ores déjà occupées par la Chine se voient ainsi entravées.

Retour de la géographie, impossible consommation intérieure et capitalisme arrimé à l’Etat-Parti

Les chiffres flatteurs de la croissance chinoise après le creux spectaculaire et historique du premier trimestre, en raison de la contraction de l’économie due à la crise sanitaire tendraient à laisser croire que la Chine sortira comme la seule grande puissance économique de cette fin d’année 2020. Au troisième trimestre, la croissance est de 3 % au-dessus du niveau de 2019. Pour autant, tirée par les investissements de l’Etat central, l’économie chinoise n’a pas opérée une mue de fond. Il y a de la part des autorités, la poursuite d’un discours élaboré, visant à insuffler au sein de l’opinion chinoise un sentiment de dynamisme, de victoire très prophétique dans le contexte d’une part de crise sanitaire et social, et d’autre part de rivalités accrues avec une large partie de l’occident. En ce sens, il n’y a pas eu de réel enthousiasme à l’échelle nationale dans les achats à la sortie du confinement. Certes, le secteur du luxe a pu enregistrer des montant importants, mais la consommation chinoise reste très en dessous des effets d’annonce. La demande des ménages représente 38,6 % du PIB en valeur. Cette réalité est très en dessous des économies européenne ou nord-américaine, là où la demande s’élève jusqu’à 70 % du PIB. En vérité, les consommateurs chinois épargnent car ils savent que l’avenir est incertain. Et le régime a beau se targuer d’un retour à la croissance, celle-ci ne bénéficie qu’à une minorité ; 600 millions de Chinois ne vivant qu’avec moins de 140 dollars de revenus par mois.

La dynamique chinoise du manque de consommation intérieure est structurelle. La classe moyenne chinoise reste difficile à cerner, l’épargne reste colossale, les dépenses de scolarité, de logement, de santé, des retraites forment les principaux paramètres du manque de consommation intérieure. Le taux de chômage a explosé depuis le début de l’année, officiellement redescendu à 5,6% dans le courant de l’été, ce chiffre est virtuel. Il ne comptabilise pas les travailleurs migrants articulés aux espaces ruraux (plusieurs centaines de millions d’individus) et l’explosion du taux de chômage chez les jeunes (diplômés et arrivant sur le marché du travail). A cela s’ajoute l’immensité du territoire et le retour de la géographie dans la gouvernance de la Chine. Si les autorités font grands bruits des chiffres éloquents de la reprise économique et du rebond du PIB chinois, cette dynamique est très hétérogène selon les territoires du pays : plutôt à la faveur des métropoles portuaires, connectées, équipées, modernes (Shanghai, Shenzhen, Canton, voire Dalian…). Dans le même temps, les régions intérieures (exceptées dans une certaine mesure Chongqing et Chengdu), mais aussi littorale comme Tianjin, les centres industriels lourds et régions rurales connaissent des situations très difficiles, avec des risques pour les localités les plus précaires d’être exposées à des problèmes de pénurie alimentaire.

La croissance économique dans les régions du nord-est, du centre et de l’ouest n’a toujours pas retrouvé le rythme d’avant le confinement strict. Il est éloquent de noter que la province du Hubei (dont la capitale n’est autre que Wuhan) est à -10,4 % sur les neuf premiers mois de cette année par rapport à 2019. Ces chiffres contrastent à l’évidence avec le faste de la reprise tant vantée dans la grande ville de Wuhan (épicentre de la pandémie mondiale). Dans l’ensemble, ces diverses régions encore en difficultés (voire en grande difficulté), en lien avec de nouveaux clusters viraux ces derniers mois, sont parmi les espaces économiques et industriels en ralentissement notable depuis plusieurs années (après la crise de 2008, malgré le colossal plan de relance), plus globalement dans le dilemme géographique de l’Etat-Empire Chinois. Depuis les années 1980 ces diverses régions font l’objet de politique d’aménagement du territoire basée sur l’investissement massif de l’Etat dans les infrastructures. Certes le développement territorial depuis 40 ans a globalement amélioré et modernisé le territoire (aménagement du bassin du Yangzi, TGV, développement urbain, développement aéroportuaire, « développement de l’Ouest » ou plus récemment « nouvelles routes de la soie ». Pour autant la géographie demeure et les plans massifs de l’Etat ne permettent pas de conjurer les cataclysmes environnementaux et climatiques. Ces derniers ont été particulièrement importants et destructeurs tout au long de l’été, et ce dans de nombreuses régions et provinces (Hunan, Guangxi, Yunnan, Henan, Gansu, Shanxi, Hubei etc.).

Afin de poursuivre l’aménagement (autoritaire) du territoire chinois, dans la continuité des grands programmes initiés dès le lancement des réformes économiques, l’axe du Yangzi (où se situe Wuhan, sur le bassin médian), les autorités centrales ont impulsé plusieurs zones de développement prioritaires. L’axe Chongqing-Chengdu, en amont du Yangzi et dans l’immense espace de la politique du développement de l’ouest, fait l’objet d’attention particulière. Cet axe, déjà évoqué depuis plus d’une décennie devrait concentrer les principaux objectifs de la vision 2035 (hautes technologies, développement urbain, environnemental etc.). Ce grand programme dit du « Yangtze River Economic Belt » date des années 1990, notamment avec la construction du barrage des trois gorges, l’augmentation de la navigabilité du fleuve et la meilleure connexion entre la façade portuaire de Shanghai avec l’intérieur du pays jusqu’à Chengdu, marches des hautes montagnes tibétaines.

La crise du coronavirus accentue les disparités régionales tant en termes de développement urbain et technologique que d’intégration régionale. Les grandes métropoles chinoises, objets des priorités du développement économique et de l’ouverture au monde depuis quatre décennies s’en retrouvent renforcées. La région métropolitaine de Shanghai (Suzhou, Hangzhou, Ningbo ou Nankin) comme celle de Shenzhen (Dongguan, Canton, Foshan etc.) et dans une certaine mesure Chengdu forment des pôles urbains complexes, dont le dynamisme industriel et économique tend à accroître un différentiel de développement entre la moitié sud du pays et le nord, moins florissant. C’est bien dans ces grandes régions urbaines que le régime teste l’alternative au dollar, à savoir le Yuan digital (ou Yuan numérique, appelée DCEP), à l’aide d’un porte-monnaie numérique, qui demain serait exportable au monde pour contourner le dollar. C’est aussi dans ces villes que l’IA, les véhicules électriques et autonomes sont testés en priorité. L’agenda évoqué plus haut concerne lui aussi celui de l’extension de ces technologies (centenaire du PCC, puis Jeux Olympiques et 20ème Congrès du PCC)

C’est bien l’Etat-Parti qui est au cœur des chiffres de la croissance et de l’aménagement volontariste et autoritaire du territoire. De nouveau, le régime a mis en place dès la réunion politique des « deux assemblées » (mai 2020) un gigantesque plan d’investissement dans les infrastructures (environ 50 000 milliards de yuan – 6400 milliards d’euros, autrement dit la moitié de son PIB en 2019) sur plusieurs années. Aussi, les exportations ont enregistré une hausse dès le deuxième trimestre, mais reste tributaires des marchés européens et américains et de leur sortie de crise. Néanmoins, le régime anticipait les sorties de confinement des pays occidentaux, afin de relancer ses capacités productives pour accumuler des excédents dans son commerce extérieur. Malgré tout, la Chine reste très dépendante de la bonne santé économique du monde. A l’inverse, le découplage n’est pas encore opérationnel, même si les autorités chinoises visent à une plus grande autonomie et autosuffisance pour s’en prémunir.

Depuis plusieurs années, diverses voies font entendre en Chine que la situation économique n’est pas si bonne et saine que le régime prétendrait affirmer. A dessein, le Premier ministre Li Keqiang, nuancier évident du Président, évoquait récemment la grande prudence quant à la situation économique dans les provinces, notamment l’endettement local. Suivant une logique mensongère et de construction de « La » réalité, les chiffres officiels ont été falsifiés afin de témoigner de la légitimité du pouvoir central à gérer les crises et faire face aux difficultés endurées. Li Keqiang en déplacement dans les provinces rappelait fin novembre, qu’il fallait faire preuve « d’honnêteté », de manière à « prendre les mesures nécessaires pour stimuler l’emploi, la consommation et les investissements ».

Les incertitudes fortes et les fragilités de l’économie et des finances chinoises demeurent, malgré les récits triomphalistes depuis le printemps et la reprise en main de la gestion de crise par le pouvoir central. La dette totale (environ 300 % du PIB)[1], le shadow banking, le financement de l’immobilier public et semi-public, l’économie dirigée par l’Etat et le Parti, le manque de transparence des banques et des entreprises publiques chinoises[2] n’ont pas été évacué des problèmes structurels de l’économie et des finances chinoises. Et les plans d’investissement de l’Etat ne répondront pas à ces problématiques. Michael Pettis, professeur de finance à l’université de Pékin, rappelait récemment que la « croissance chinoise est tirée par un endettement et un système financier inefficace ». D’autre part, le secteur privé est année après année dans une situation dépréciative. Depuis 2015, les investissements réalisés par les entreprises privées sont en nets recul.

Dans une volonté de contrôle absolue, l’autorité centrale accentue l’emprise du Parti-Etat sur le secteur privé. La crise du Covid-19 et sa gestion politique par le régime dans la continuité du passé récent n’a fait qu’accélérer cette emprise. Contrôle des conseils d’administration, des orientations (stratégiques et économiques) des entreprises, privations de crédits, sanctions […] les mesures sont de plus en plus visibles, de plus en plus strictes avec l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping. En atteste dernièrement, la suspension, début novembre dernier, de l’entrée en bourse de Ant Group (géant de la fintech, basée à Hangzhou, adossée au groupe Alibaba de Jack Ma). Ce devait être l’introduction en bourse la plus importante, faisant de Shanghai une place boursière rivale de New-York. L’objectif de l’introduction en bourse était contradictoire avec l’objectif national de maîtrise des risques financiers.  La contradiction est grande entre le développement économique et financier chinois à l’international et sa libéralisation en interne.

On peut se poser la question de savoir si à termes, les marchés ne seront plus mondiaux ? La Chine souhaite dominer les échanges et imposera des taxes, plus largement une accessibilité ou non à son marché.

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Tianxia ou le bon ordre sous le ciel

Le contenu précis du 14ème Plan quinquennal sera rendu public au mois de mars prochain lors des prochaines réunions politiques (« deux assemblées » liang hui). Si le détail du programme économique, technologique, social et de sécurité n’est pas encore donné, il n’en demeure pas moins que la situation reste difficile et lisible. L’annonce fin novembre, de l’éradication de l’extrême pauvreté (dans les derniers districts ruraux du Guizhou) était un objectif politique de plusieurs années. Cela ne prend pas en compte la pauvreté, ni le chômage massif depuis une année (en particulier chez les jeunes et les migrants). La priorité est donnée à la sécurisation de la « matrice Chine » (sécurité intérieure, frontières, forces armées, cyber et technologies de ruptures) tout en renforçant le contrôle du Parti sur les activités (tous azimuts) à l’étranger, dans un contexte de crise mondiale. Ce mouvement de concentration interne et de cristallisation externe n’est pas sans rappeler les questionnements sur les différentes phases d’expansion de l’empire Chinois d’hier.

Dès sa fondation, la RPC a nourri et se nourri d’un agenda de puissance et de revanche (fuchou) sur l’Occident. La politique internationale de Mao a permis l’insertion de la Chine à l’ONU et un siège au Conseil de Sécurité des Nations Unis. Deng Xiaoping prônait une politique discrète et indirecte, ne prenant pas le lead des affaires internationales (résumé selon la formule « rester dans l’ombre et ne pas se mettre en avant » taoguang yanghui). Xi Jinping a rompu, assez brutalement, avec ces recommandations. Sa culture politique, l’état du monde et le niveau de puissance revendiqué lui donnant cette assurance. L’agenda affiché par le PCC jusqu’en 2049 (date de l’achèvement du projet des « nouvelles routes de la soie  », de l’« armée de classe mondiale  » et première puissance mondiale) avec ces temps forts de célébrations (2021 et le centenaire du PCC ; 2022 et le 20e Congrès du PCC et l’accueil des JO d’hiver à Pékin ; 2027 et la fin du statut singulier de Hong Kong et le centenaire de l’APL ; 2029 et les 50 ans des Réformes, 2049 et le centenaire de la RPC, 2060 et la neutralité carbone…) ne correspond pas tant à une fuite en avant du régime qu’ a une feuille de route de propagande en direction de la population Han, dont la géographie et la géopolitique règne de manière autoritaire et cybernétique dans l’ensemble du pays comme jamais.

Hisser la Chine comme La grande puissance d’un monde recentré sur elle-même permet de légitimer l’autoritarisme et le « bon ordre » sous le ciel (tianxia). Ce principe fondamental, loin du marxisme-léninisme, est un argument une nouvelle fois convoqué par Xi Jinping lors du dernier plénum en octobre. Les quelques mots du communiqué officiel rendant compte des conclusions du plénum fin octobre disait : « avec Xi Jinping à la barre du navire « Chine » (…), nous serons certainement capables de surmonter toutes les épreuves et tous les dangers sur notre chemin ».  Officiellement Xi Jinping semble avoir la « légitimité » du mandat du ciel pour le prochain congrès en 2022 ; projetant une Chine, de plus en plus disloquée du reste du monde dans l’incertitude de la stabilité pour la décennie 2020. L’ouverture économique du pays (sous contrôle) dès 1979 ne s’est pas traduite par une ouverture de la société et une libéralisation du politique. A l’opposé de la trajectoire occidentale, le régime poursuit son obsession du contrôle de tout, partout tout le temps. La rigidité du système semble connaître un élan toujours plus manifeste souhaitant taire mordicus toute expression plurielle en Chine et en dehors. Sans capacité de remise en question, ne serait-ce que de son autoreprésentation (centralité, civilisation supérieure et contestation de l’universalité), un tel système, a fortiori, aujourd’hui, n’est pas tenable.


[1] La dette totale cumulée est composée par les institutions publiques, les entreprises, les institutions financières et les ménages.

[2] Le manque de transparence porte beaucoup sur les délais de paiement et des prêts non performants, sur les réserves d’or, ou encore les accords de swaps et autres prêts dans le cadre du projet BRI.

Par Emmanuel Véron & Emmanuel Lincot. Cet article a été initialement publié dans la Revue Le Grand Continent le 9 janvier 2021. Vous pouvez lire l’article original en cliquant sur le lien ci-dessous :

5e plénum, 14e plan quinquennal et « Vision 2035 » : la progressive dislocation de la « matrice Chine » du reste du monde

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