On aime ces immenses foules qui, nuit et jour, accueillent aux Sables d’Olonne les marins héros du Vendée Globe. On aime ces millions de passionnés qui pendant toute la course suivent les bateaux. On aime celles et ceux qui font la course virtuellement, à l’affût d’une fenêtre météo se levant la nuit pour un quart sur le canapé ou sous une couette sèche, ou encore à l’heure du café à l’usine ou au bureau.
Mais plus que tout on adore Jean le Cam, majestueux, profilé, inspiré, ébouriffé, édenté, naze.
Ses qualités de courage, d’opiniâtreté, de frugalité, de curiosité font du roi Jean un vrai gentilhomme français.
Nous voudrions tous être aussi bien que lui qui nous reconduit sans arrogance, avec une modeste douceur, presqu’avec amour à nos médiocrités.
Le Vendée globe c’est une dure et exigeante leçon d’espoir pour nous tous. Il prouve qu’un groupe de femmes et d’hommes de notre petite péninsule est capable de l’immense.
C’est aussi un phare pour nos sociétés déboussolées. Il attire l’intelligence le courage, l’adresse et la gaité.
Il souligne enfin l’immense savoir-faire accumulé en matière de nautisme en France et en Europe. Cet écosystème presque inutile – le nombre de jours d’utilisation d’un bateau de plaisance est voisin de 1% du temps- petit taux d’utilisation pour d’importants capitaux, montre combien le rêve d’aventure individuelle ne tient heureusement pas compte de son coût.
L’âme est plus importante que l’argent, même en économie !
Enfin le Vendée globe le démontre, l’espace maritime est vide de présence humaine.
C’est dire qu’il est aujourd’hui à peu près vierge et que son utilité est dans son atout : être un désert.
Préservons cela.
Les graves désordres dont nous sommes les malheureux témoins au Sahara ou en Amazonie sont un puissant encouragement pour le public, les sociétés civiles et les États à trouver un sens global et policé aux espaces maritimes. Cela avant que, poussée par une nécessité, l’humanité ne saccage, loin des yeux, deux tiers de notre globe encore inviolé.
Se mettre au service d’une telle idée est un devoir pour nous « hommes libres qui toujours, chériront la Mer »
PIERRE BROUSSE
31 janvier 2021