Jean-Pierre Perrin, Une guerre sans fin, Rivages, Rivages Noir, 2021, 304 p., 20€.
« Trois ou quatre personnages en quête d’auteur » !!
Un jeune romancier otage de Daech, libéré sans savoir pourquoi, un diplomate à la recherche d’un nazi passé chez Bachar el-Assad et se rêvant en barbouze, et un ancien barbouze désoccupé acceptant une dernière mission vont voir leur destins se croiser dans une opération visant à libérer une jeune américaine, humanitaire par amour, prise dans une rafle djihadiste, dont ils n’avaient jamais entendu parler et qu’ils ne verront jamais.
Sur les terrains de ces états perdus, entre Irak et Syrie, en passant par le Liban et la Lybie, nos héros progressent grâce à leurs liens passés avec divers officines d’état ou « centrales », d’anciens « dignitaires » de régimes corrompus, et des mercenaires « au chômage » …
Et il faut arriver à la moitié du livre pour découvrir les hasards qui feront se rencontrer nos héros.
Mais, à travers ce scénario trop élaboré, on découvre et apprécie l’impressionnante connaissance des lieux, des acteurs, et de leurs réactions diverses dans des circonstances qui les dépassent, qu’a accumulée l’auteur.
Une carte des lieux aurait probablement aidé le lecteur à suivre les pérégrinations des personnages.
On appréciera au passage quelques nouveaux sophismes, sur les combattants de cette « guerre sans fin », qui ne « gagneront jamais », mais gagnent toujours, soit par une petite victoire en escarmouche, soit par une défaite totale, et la mort en martyr, qui est « une victoire sur les sentier d’Allah ».
Et des descriptions sublimes de l’état de décrépitude de ces villes ravagées, comme : « la ville montre l’ampleur de ses plaies, la profondeur de ses béances, les coups de crocs d’acier qu’elle a reçu et qui l’ont décharnée jusqu’à l’os …. les armatures métalliques tordues dans tous les sens auxquelles s’accrochent encore un peu de la chair blême du béton ».
Les références à deux auteurs engagés dans la guerre d’Espagne, Lorca et Orwell, censées aider nos « survivants » de cet enfer à donner un sens à ce désespoir, restent peu convaincantes.
Philippe Milliet