Comme chaque été, le FDBDA propose une suggestion de lecture d’été.
Cette année nous revenons sur plusieurs ouvrages forts, traitant de l’actualité internationale, de la mer et de l’Asie.
Toulon au fil des textes. Par Marc Bayle. Capit Muscas Editions.
Son port de guerre, la «Royale», les marins, la rade, le Mont-Faron, le cours Lafayette, le stade Mayol, le Rugby club toulonnais… et c’est Toulon, ville unique en son genre. Ville de contrastes. Ville tout entière dédiée à l’Etat, à sa marine, royale puis républicaine. Mais aussi ville de la poli- tisation précoce, de la critique sociale. Ville de charmes aussi ! D’où qu’on la contemple, du haut du Mont-Faron, muraille de la cité pleine de «bruits militaires», à sa vaste rade, du Cap Sicié à la presqu’île de Giens, cette rade souvent louée comme «la merveille du monde», théâtre de tant de combats navals jadis, et depuis toujours «Port Royal» de la flotte, on ressent l’émotion d’y voir une destinée nationale, peu provinciale finalement. Mais Toulon ville de la douceur de vivre aussi, au climat amène, à la sociabilité éprouvée, propice à la flâne- rie, aux charmes discrets de ses quartiers, sans prétention et snobisme, et surmontant son passé traumatique, se rehaussant pour devenir désormais attractive. Promenade dans cette ville singulière en compagnie de Vauban, Schopenhauer, Victor Hugo, Stendhal, Jules Michelet, Pierre Loti, Paul Morand, Léon Vérane, Django Reinhardt, Georges Bernanos, Gilbert Bécaud, et bien d’autres.
L’ auteur :
Préfet honoraire, ancien commissaire de la Marine, Marc Bayle est diplômé de Science-Po Paris, docteur en droit public et docteur ès lettres et sciences humaines. Il a été conseiller général de Toulon de 1994 à 2001.
Puissance hors normes, la Chine a déjoué tous les pronostics occidentaux. Son développement économique ne s’est pas accompagné d’une démocratisation et son isolement diplomatique doit être relativisé. De plus en plus opposée à l’Occident qu’elle met au défi, elle trouve en revanche des relais importants dans les pays du sud qu’elle séduit depuis longtemps. Pour combien de temps encore ? L’Inde fait le choix d’un rapprochement avec Washington et ses alliés dans une stratégie d’endiguement, l’Indo-Pacifique, dont la viabilité n’en reste pas moins incertaine. L’état économique mondial, la crise environnementale ou le terrorisme montrent que la Chine reste davantage une force de proposition et beaucoup moins un partenaire fiable. Incontournable, elle n’engage pas moins notre avenir et ce vade-mecum accompagnera décideurs et les opinions de toutes générations dans leurs propres réflexions.
Les auteurs :
Emmanuel Lincot est Professeur à la Faculté des Lettres de l’Institut catholique (ICP). Historien, sinologue, il est également chercheur-associé à l’Institut des Relations internationales et stratégiques (IRIS) où il dirige la revue Asia Focus. Il a créé le Master Stratégies muséales et gestion de projet – Asie et a réalisé le premier MOOC sur la géopolitique de la Chine, en partenariat avec France Université Numérique.
Emmanuel Véron est docteur en géographie et spécialiste de la Chine contemporaine et de relations internationales. Il a enseigné la géographie et la géopolitique de la Chine à l’INALCO. Il est enseignant-chercheur associé à l’UMR IFRAE (Inalco) et à l’Ecole navale. Il est délégué général du Fonds de Dotation Brousse dell’Aquila (FDBDA).
Demain la Chine : guerre ou paix ? par Jean-Pierre Cabestan, Gallimard.
Développement économique vertigineux, montée en puissance impressionnante, modernisation militaire sans précédent, passions nationalistes souvent incandescentes, confrontation de plus en plus intense avec les États-Unis, tous ces ingrédients connus semblent conduire immanquablement la Chine à la guerre.
Les causes immédiates d’un conflit armé ne manquent pas : les prétentions de Pékin en mer de Chine du Sud, le conflit territorial sinojaponais autour des Senkaku (Diaoyu) et surtout la volonté farouche de Xi Jinping de réunifier Taiwan à la République populaire constituent les principaux barils de poudre qui peuvent à tout moment exploser. De fait, les prédictions d’un affrontement militaire dans le détroit de Formose d’où la Chine sortirait vainqueur se multiplient.
Pour l’heure, ce que l’on observe avant tout est une utilisation de plus en plus fréquente par le gouvernement chinois de ce qu’on appelle les « zones grises » entre la paix et la guerre. Cette stratégie s’est étendue, en 2020, à la longue frontière sino-indienne. Ce nouveau modus operandi permet aussi à l’Armée populaire de libération (APL) et aux autres agences de sécurité chinoises d’améliorer leur capacité de projection de forces et leur préparation au combat. Mais les enjeux d’une guerre ouverte, et pas uniquement avec les États-Unis, restent énormes, incitant l’APL à d’abord envisager des « opérations extérieures » plus limitées et moins dangereuses.
Pour ces raisons, bien que nul ne puisse contrôler les passions humaines, et sans pour autant exclure l’irruption de crises militaires, la Chine et les États-Unis s’orientent plus vers une guerre froide d’un nouveau type que vers une guerre chaude qui pourrait rapidement se nucléariser.
L’auteur :
Jean-Pierre Cabestan est directeur de recherche au CNRS rattaché à l‘Institut français de recherche sur l’Asie de l’est de l’INALCO. Il était professeur de sciences politiques à l’Université baptiste de Hong Kong.