Comme chaque été, le FDBDA propose une suggestion de lecture d’été.
Cette année nous revenons sur plusieurs ouvrages forts, traitant de l’actualité internationale, de la mer et de l’Asie.
Innovation et stratégie navale par François-Olivier Corman, NUVIS Editions.
Comment avancer de manière ambitieuse mais pragmatique dans le maquis foisonnant et parfois vertigineux des nouvelles technologies ?Les penseurs navals français du XXème siècle (Daveluy, Castex, Barjot, Labouérie, Lacoste, Coutau-Bégarie) ont proposé plusieurs réponses à ce défi qui dépasse en fait largement les seuls domaines militaire ou naval. Grâce à eux, nous comprenons que la technologie confère la supériorité au combat lorsqu’elle se conforme à plusieurs principes atemporels qui la purifient de ses travers pour l’adapter aux exigences du combat et de la mer. Il s’agit de concilier la haute technologie avec la simplicité et la robustesse, la synergie avec l’autonomie, et la différenciation avec l’homogénéité, tout en préférant le solide au brillant et la connaissance au savoir, en nous gardant de tout excès de confiance et de tout perfectionnisme abusif. L’enjeu consiste au fond à réconcilier la technologie et la stratégie pour éviter les écueils du mécanisme de précision qui ignore la friction, du virtuel qui ignore le réel et de la mode qui oublie la finalité de l’action militaire. L’innovation est absolument indispensable, mais elle ne doit répondre ni à une fascination béate pour la haute technologie, ni au rejet passéiste de celle-ci ; elle doit résulter d’une démarche prudente et agile qui recherche l’équilibre sur la voie d’une stratégie ambitieuse construite à la lumière de l’histoire et de l’expérience.
L’auteur :
François-Olivier Corman est Officier de marine, diplômé de l’École navale et de l’École de guerre, il a commandé deux navires de la Marine nationale.
Au fil d’une enquête sur les traces d’Artémise, capitaine de vaisseaux à la tête de la cité d’Halicarnasse au ve siècle av. J.-C., Violaine Sebillotte Cuchet dévoile les vies possibles des femmes de l’Antiquité grecque, celle d’Artémise comme celles de ses contemporaines, et bouscule les convictions les plus tenaces quant à la place et au regard porté par les Anciens sur les femmes au pouvoir.Pour les auditeurs d’Hérodote, il ne faisait pas de doute qu’Artémise, capitaine de vaisseaux qui s’était illustrée à Salamine au ve siècle av. J.-C., avait effectivement participé à la célèbre bataille navale, elle qui avait dirigé la cité d’Halicarnasse et qui, bien que Grecque, avait été membre de l’état-major perse. Pour les historiens postérieurs, l’exploit d’Artémise est en revanche incroyable : comment des citoyens d’Halicarnasse auraient-ils pu accepter qu’une femme les gouverne et commande leurs navires ?
À partir du cas singulier d’Artémise, Violaine Sebillotte Cuchet mène une vaste enquête. Elle dévoile le regard que les habitants des cités grecques portaient sur les femmes au pouvoir, les rapports de force qui organisaient alors les relations sociales, les manières de construire la masculinité, la féminité et l’altérité barbare. La vie d’Artémise, longtemps considérée comme exceptionnelle, s’éclaire ici des fragments de vie connus des autres femmes de l’Antiquité grecque, contre les stéréotypes construits au fil des siècles.
L’auteur :
Violaine Sebillotte Cuchet est professeure d’histoire grecque ancienne à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
À perte de vue la mer gelée par François Garde, Paulsen, 2021.
Parti de Marseille pour une expédition vers l’Atlantique nord, Pythéas découvrit bien au-delà de la Grande-Bretagne une île qu’il baptisa Thulé et fut le premier à rapporter que la mer pouvait geler. À son retour, il consigna ses travaux scientifiques en astronomie, géographie et océanographie dans un traité De l’Océan, qui fut abondamment commenté et copié pendant toute l’Antiquité. Aucune page de son œuvre n’a survécu.
La plupart des commentateurs de l’Antiquité le traitèrent d’affabulateur, voire de menteur. Une mer gelée ? Quelle galéjade ! Son nom tomba dans l’oubli. Dans cette biographie imaginaire, François Garde réhabilite le marin, le Marseillais, l’astronome et le scientifique. Il retrace le destin d’un explorateur au temps d’Alexandre le Grand, et interroge le parcours d’un homme dont la vie fut guidée par la curiosité, la persévérance et la volonté de transmettre le savoir.
L’auteur :
Né en 1959 (Le Cannet), François Garde, enfant d’un professeur de russe à l’université d’Aix et d’une mère au foyer, savoyard d’adoption, s’est lancé dans l’écriture après avoir vécu une longue carrière au sein de l’administration française, après des études à Sciences Po, puis à l’ENA. Ces activités qui l’amènent à voyager vont nourrir ses textes avec une place privilégiée à l’imaginaire. En 2012, il reçoit le Prix Goncourt du premier roman pour Ce qu’il advint du sauvage blanc. Il poursuit son oeuvre avec Pour trois couronnes (2013), La Baleine dans tous ses états (2015), L’Effroi (2016), Marcher à Kerguelen (2018), La Position des pôles (2019), Roi par effraction (2019).