RFI – 15 septembre 2022.
Publié le : 15/09/2022 – 05:01Modifié le : 15/09/2022 – 08:23 – RFI
Ce jeudi 15 septembre, s’ouvre, dans la ville de Samarcande, en Ouzbékistan, la 22e réunion du Conseil des chefs d’État de l’Organisation de coopération de Shanghai, l’OCS. Un événement marqué par la présence de Vladimir Poutine et Xi Jinping, qui doivent s’entretenir en marge du sommet.
Cette organisation, créée en 2001, mais dont l’origine remonte à 1996, regroupait initialement la Russie, la Chine et quatre ex-républiques soviétiques d’Asie centrale. Ces pays ont été rejoints en 2016 par l’Inde et le Pakistan et en 2021 par l’Iran. Aujourd’hui, Samarcande accueille donc de nombreuses puissances, dont deux représentants des pays siégeant au Conseil de sécurité de l’ONU, quatre puissances nucléaires ou encore des États qui comptent parmi les plus gros producteurs et consommateurs d’énergie.
C’est une organisation à vocation politique, économique et même sécuritaire qui est une sorte de club dominé par des États soucieux de contrebalancer l’influence occidentale, analyse notre correspondant régional, Régis Genté. Et c’est justement l’occasion, pour une partie des participants dont la plupart sont des régimes autoritaires ou dictatoriaux, de montrer à l’Occident que le reste du monde compte.
Cette année, l’OCS intervient alors que l’Occident est défié par la Russie, la Chine et nombres d’autres puissances qui seront présentes dans la « ville bleue ». Un des enjeux de la réunion sera donc de mettre en scène ce rapport de force.
La rencontre Xi-Poutine très attendue
Lors du sommet, de nombreuses rencontres entre chefs d’État sont prévues, mais une attire particulièrement l’attention. Les présidents russe et chinois, Vladimir Poutine et Xi Jinping, doivent s’entretenir en marge du sommet. Et pour le maître du Kremlin, cette alliance est « une alternative réelle aux structures orientées vers l’Occident ». « C’est une organisation qui est fermée aux États-Unis, à l’Occident ou encore au Japon, et qui souhaite faire la publicité de la bonne entente sino-russe et aussi avec les républiques d’Asie centrale », détaille Emmanuel Véron, géographe, chercheur associé à l’école navale et à l’Inalco.
Cette rencontre Xi Jinping-Vladimir Poutine, six mois après la poignée de main des Jeux olympiques d’hiver à Pékin, explique notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde, risque en effet d’éclipser le reste de cette conférence, où sont pourtant également attendus les dirigeants indien, pakistanais, iranien et turc. À plusieurs reprises ces derniers jours, les termes « front uni » avec la Russie contre les sanctions occidentales sont revenus dans les médias d’État chinois. Soutien appuyé de Pékin vis-à-vis de Moscou, du moins dans la rhétorique, encore la semaine dernière devant la télévision russe, lors de la visite en Russie du numéro trois chinois, Li Zhanshu : « Sur la question de l’Ukraine, on peut dire que les États-Unis et l’Otan ont forcé directement la porte de la Russie, menaçant la sécurité nationale et la sécurité du peuple russe. La Russie a pris les mesures qui devaient être prises. La Chine comprend ces intérêts fondamentaux et soutient toujours pleinement la Russie. »
« La Chine est disposée à travailler avec la Russie afin […] de promouvoir un ordre international plus juste et raisonnable », a également affirmé en amont du sommet, Yang Jiechi, le responsable de la diplomatie au sein du Parti communiste chinois. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Xi Jinping apporte son soutien à son « ami » Vladimir Poutine, ni que les diplomaties chinoise et russe évoquent la nécessité de mettre en place un « nouvel ordre mondial ». Frappée par les sanctions et isolée diplomatiquement depuis l’invasion de l’Ukraine, la Russie cherche à renforcer ses liens avec les pays asiatiques, à commencer par la Chine. Mais aujourd’hui, le contexte a changé, les troupes russes ont reculé en Ukraine. L’échange entre les deux hommes sera donc scruté de près. La Chine cherchant de son côté à s’appuyer sur Moscou pour développer son influence dans le pré carré russe des ex-républiques de l’Union soviétique.
Se démarquer de l’Occident
Pour d’autres pays, ce rendez-vous est l’occasion de se démarquer encore un peu plus de l’Occident, et plus particulièrement des États-Unis. Ainsi, l’Iran devrait signer un protocole d’obligation pour devenir pleinement membre de l’OCS, alors que les négociations sur son programme nucléaire patinent.
De son côté, la Biélorussie devrait lancer la procédure pour rejoindre l’Organisation et divers mémorandums seront paraphés pour que l’Égypte, le Qatar ou l’Arabie saoudite s’en rapprochent. Une trentaine d’autres documents seront signés visant à renforcer les liens entre pays membres d’une organisation qui n’est pas un bloc, mais qui a pour ambition de stimuler les synergies entre ses membres.
► À lire aussi : Xi Jinping au Kazakhstan: Pékin veut renforcer son influence en Asie centrale