Un ressenti à Stockholm peu après les élections suédoises et italiennes. Cela au moment où Moscou révise son Fyodor Rostopchine*, lance la conscription, agace le chinois qui pense à son congrès et provoque les Etats Unis qui pensent mid-term.
L’aéroport d’Arlanda * est bien vide à six heures de l’après-midi. Non pas faute de passagers, mais, dit le responsable, à cause du manque de personnel. Il se plaint aussi de ne pas pouvoir accueillir autant de vols privés qu’il le désire ; ceux-ci, dans la crainte des compagnons de Greta Thunberg se déroutent vers des plateformes plus discrètes.
Seulement deux taxis attendent. Notre chauffeur, un géant suédois, confesse sur le trajet, qu’il espère que le nouveau gouvernement supprimera les licences de taxis attribuées aux immigrés.
Sur le chemin on découvre une ville qui sans avoir l’infecte saleté de Paris est bien moins bien tenue qu’il y a une dizaine d’années.
A l’hôtel le personnel est très professionnel, polyglotte et très aimable c’est un patchwork de nationalités qui travaillent assez doucement, dans une paisible harmonie.
Les jours qui suivent font rencontrer des bourgeois suédois assez légitimistes. Pour eux le diagnostic qui a porté au pouvoir la coalition de droite menée par un parti néo Nazi est juste.
Donc attendre, tout d’abord un marchandage entre les partis de la coalition, puis un gouvernement, enfin un programme pas avant la fin de l’année.
La faible majorité de trois sièges du bloc de droite rendra le parlement instable compte tenu des mauvaises disciplines de parti.
La mauvaise qualité de la classe politique fera le reste.
Ici comme ailleurs, les partis recrutent parmi les recalés de la réussite sociale.
Contrairement à certains de leurs parlementaires, les « gens bien », ne veulent pas de mal aux Sami ou aux juifs ; ils ne remettent pas , non plus, en cause le Darwinisme ou le droit à l’avortement. Ils veulent seulement qu’on en finisse rapidement avec la criminalité, la plupart du temps portée par des immigrés de la deuxième génération non intégrés, donc, presque toujours suédois.
De l’ordre rien que de l’ordre.
Les Danois cultivés en transit sont bien qu’un peu bobos beaucoup plus radicaux. Exaspérés par les désordres suédois en provenance de Malmö ou Göteborg, leurs voisines, ils s’inquiètent de la porosité des frontières européennes et souhaitent des aménagements profonds des dispositions du droit international qui traite des réfugiés.
Les Finlandais de passage à la présence toujours discrète, presque effacée, sont intimement très décidés. Envahis par des déserteurs russes qui traversent par les bois des frontières fermées, ils s’inquiètent des menaces internes externes que la Russie fait peser sur l’Estonie et la Lettonie. Ils réfléchissent sérieusement à la nécessité de récupérer la Carélie et à éliminer la Russie de Kaliningrad et du golfe de Finlande .
Ici en Scandinavie et tout autour de la Baltique la clef de voute de la sécurité c’est l’OTAN ; le Thor moderne et protecteur.
Sauf en Norvège, c’est très nouveau.
L’adhésion vaut bien une messe.
Celle qui sacrifie les kurdes sur l’autel de Sainte Sophie, nous rappelle que la géographie n’est pas la seule à embrasser deux petites mers fermées par des détroits si resserrés que dans les deux cas, ils sont franchissables par des ponts*.
Le sabotage des gazoducs et le maximalisme russe, encore loin de son paroxysme, sont des carburants non négligeables pour alimenter une sorte de nouveau sentiment hanséatique. L’échec politique de la Ligue a tenu au farouche égoïsme de villes prospères qui ont voulu rester dans leur monde familier.
Le même risque nombriliste pèse aujourd’hui sur les peuples riverains de la Baltique.
Pierre Brousse
Paris le 2 octobre 2022.
- Incendiaire de Moscou en 1812
- Aéroport principal de Stockholm
- Cattegat et Bosphore