De Francis Fukuyama à Kishore Mahbubani
Que faire en 2023 ?
Il y a un peu plus de trente et un ans, dans un très heureux Noël, le monde se débarrassait de l’épouvantable et ignoble communisme soviétique.
Pour les démocraties occidentales après leur victoire sur les Nazis – un temps alliés de l’URSS – les fascistes et l’empire Japonais, ce fut Le Couronnement.
Francis Fukuyama voyait dans cette victoire par K.O. « la fin de l’Histoire ». On crût à la reconnaissance définitive de la supériorité des valeurs occidentales, de l’excellence de leur système institutionnel et de la quasi-perfection de l’horizon philosophique des « vraies » démocraties.
Malgré le Viet Nam et d’autres déboires de leur politique impériale, les USA s’affirmaient comme l’indiscutable superpuissance ; militaire, technologique, économique, politique et culturelle.
Une génération plus tard la puissance américaine est toujours là, au sommet du podium. Même si elle a été ici et là écornée par la débâcle de Kaboul, les palinodies autour du nucléaire iranien, les dangereux errements saoudiens, les fautes irakiennes, les jeux turcs ambigus, un permanent aveuglement vis-à-vis du Pakistan, une mauvaise « distance » vis-à-vis de l’Afrique, un jeu velléitaire face à la Chine, et la quête incessante de « l’hommage » dû par les anglo-saxons, les européens, les japonais et quelques autres.
Même si on a échappé il y a peu à un coup d’état de type sud-américain perpétré par un président sortant battu dans une élection qu’il a voulu truquer. Les institutions ont vacillé mais elles ont tenu. La honte sera bue au Congrès, les Rednecks retrouveront un autre leader.
Le mal est profond, pas encore mortel. Une bonne partie de l’opinion américaine et de ses médias continuera à donner des leçons de démocratie et de morale au reste de la terre.
On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs.
Aussi, pour nous occidentaux, hors la fracture culturelle interne aggravée par le numérique, qui tranche presqu’en deux moitiés toutes nos sociétés occidentales, le modèle tient à peu près.
Mais pour le reste du monde, particulièrement les pays du Sud il est souvent craint, paré de toutes les hypocrisies et généralement haï.
Deux siècles et demi de domination et cinq siècles de « parenthèse occidentale » ont laissé des cicatrices plus ou moins profondes ou imaginaires dans la mémoire des peuples dominés.
L’angle de Kishore Mahbubani qui s’interroge sur la possible « victoire » de la Chine sur les USA nourrie des fautes, des erreurs et des contradictions américaines, fait bon marché des données philosophiques qui constituent et animent nos démocraties.
Il est particulièrement réducteur pour les pouvoirs occidentaux d’être vus à travers un prisme « mécaniste » qui fait une analyse -souvent justifiée- de nos erreurs. Cela, sans s’intéresser significativement à la pensée et aux thèses qui fondent nos institutions politiques, en négligeant les défauts mortels de la société chinoise ; sa cyber dictature, son pouvoir pyramidal, sa kleptocratie, sa xénophobie, ses crimes, sa grande rigidité.
Les vacillements autour du leadership mondial seront les marqueurs géopolitiques des années qui viennent.
L’aptitude des sociétés occidentales à combler le fossé culturel et social qui les mine et fracture toute l’Europe (Royaume Uni compris) et les Etats-Unis, déterminera certainement les évolutions institutionnelles futures. Cela, à l’aune de la capacité des économies du monde à construire un modèle régionalisé, autour de grands marchés un peu plus autarciques : Amérique du Nord, Europe, Chine, Japon-Corée et Inde (1).
Dans le brouillard de l’année nouvelle il est vraisemblable que la première échéance résidera dans les lignes du règlement du conflit ukrainien. L’Europe qui a jeté par-dessus bord ses rêves d’autonomie stratégique ne devra pas accepter d’être dans le wagon de queue de ces accords dont les conséquences directes dépassent le continent et s’étendent au Caucase et à l’Asie centrale.
Dans ce cadre, l’absence de doctrine et d’instruments diplomatiques tangibles propres à l’Union européenne, à la France ou à l’Allemagne est particulièrement notable et dommageable pour nos intérêts.
Y remédier doit être l’urgence du continent.
Les peuples sans défense ont vocation à être subjugués. C’est une leçon que l’UE se doit d’apprendre à vitesse accélérée en 2023.
De l’autre côté du monde, les américains seront probablement contraints d’ouvrir assez vite en Mer de Chine un deuxième « front » qui ajoutera une grave maladie au cancer et aux métastases du conflit ukrainien. Nous devrons veiller, habilement, à ce que les conséquences de cette lutte n’ajoutent pas à nos faiblesses.
De nobles devoirs nous appellent en 2023.
Le FDBDA vous adresse ses vœux de bonne année !
Pierre BROUSSE
La vie du Fonds
Publications
Durant ce trimestre, le FDBDA a essentiellement publié des analyses sur l’Asie, la Chine et divers sujets de relations internationales.
L’acidification des océans, l’autre danger du CO₂
Annexions russes en Ukraine : la victoire Potemkine de Vladimir Poutine
Préserver les herbiers de Posidonie, ces précieux puits de carbone sous-marins
Chine – Brésil : deux géants et leur asymétrie en miroir
Chine – 20e Congrès et environnement international
L’élection brésilienne vue de Chin
20e Congrès du PCC – consécration dans la durée du pouvoir de Xi Jinping et fragilités dans l’ombre
20ᵉ Congrès du PCC : un Xi Jinping plus puissant que jamais à la tête d’une Chine fragilisée
Et si les océans tropicaux piégeaient plus de CO₂ que prévu
Pluriversel versus universel ?
Retour sur les sommets du G20 et de l’APEC 2022
Asie centrale-Afghanistan : des frontières sous haute surveillance
Comment les coraux racontent la hausse des températures et l’acidification de l’océan Pacifique Sud
G20, sommet de la rivalité sino-américaine ?
Chine : du confinement à la rébellion
Laurent Ballesta – Lauréat du Prix FDBDA/Académie de marine 2022
François Joyaux – Lauréat du Prix FDBDA/Société des Explorateurs Français 2022
Galia Ackerman – Lauréate du Grand Prix FDBDA 2022
Activités de soutien, prix FDBDA 2022 et philanthropie
Philanthropie
Le FDBDA poursuit ses activités de soutien et de philanthropie. Le FDBDA apporte son soutien à des associations œuvrant en Asie et dans l’océan Indien. Plus spécifiquement, il soutient Marins Sans Frontières qui œuvre pour la scolarisation d’enfants dans des régions isolées, joignables par bateaux.
Cérémonie des prix 2022
Les lauréats 2022 sont :
Madame Galia Ackerman – Grand prix FDBDA 2022.
Monsieur François Joyaux – Prix commun FDBDA/Société des Explorateurs français 2022.
Monsieur Laurent Ballesta – Prix commun FDBDA/ Académie de marine 2022.
Pierre Brousse et Emmanuel Véron
Le 31 décembre 2022.
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