L’entrée dans la deuxième année de guerre en Ukraine (24 février 2022), a presque coïncidé avec le centenaire du traité de Lausanne (24 juillet 1923), dernier avatar du malheureux Traité de Versailles.
Tout comme il y a un siècle avec le Traité, la guerre révèle progressivement un nouvel ordre international.
Les trois mondes de Mao sont rebattus. La Chine et les pays émergents sont maintenant en vue du sommet, la confrontation Russie USA est devenue secondaire, et le vieil occident riche et dépeuplé s’effrite.
Enfin, le modèle démocratique occidental devenu politiquement très minoritaire à l’échelle du globe affronte, en interne, dans la presque totalité des pays qui le composent de très graves difficultés.
LA GUERRE RUSSE EN UKRAINE
Entre les protagonistes directs rien n’a changé.
Jusqu’ici, nous voyons la société russe dans une écrasante majorité s’entêter à penser qu’une partie importante de la population ukrainienne se veut russe et aspire à un mode de vie comparable à celui de la société russe.
Ce puissant aveuglement n’a pas été effacé par la défaite de la blitzkrieg de l’hiver dernier et l’enlisement des combats de l’automne et de cet hiver.
La posture politique russe élimine pour le moment toute chance d’un quelconque acquiescement, même tacite, de l’occident à une nouvelle conquête de l’Ukraine par la Russie.
On le sait, on le croit, aujourd’hui, la guerre ne peut plus être gagnée par les Russes, mais les Ukrainiens et l’Occident peuvent encore la perdre.
Néanmoins depuis quelques semaines les Chancelleries et les opinions occidentales sont « travaillées » par ceux qui, sur les réseaux sociaux, les plateaux de télévision, dans les colonnes des journaux, la main sur le cœur cherchent ou disent chercher la paix. Compte tenu des circonstances, ils veulent donc des concessions de la part de l’agressé.
Mouvements classiques qui appartiennent à l’art de la guerre.
On se souvient, pendant la guerre froide du « mouvement de la Paix » crypto- soviétique, du pacifisme de l’ultragauche et des verts allemands noyautés et manipulés par la STASI, de l’aristocratie britannique de l’avant deuxième guerre mondiale favorable à une ligne pacifiste pour éviter une guerre avec l’Allemagne qui eut été funeste à l’Empire.
C’est toujours la même chose, les militants avides de pouvoir, les obligés de factions politiques, ou les plumitifs à la recherche de prébendes et adeptes de l’ « indirect », leurrent et animent les braves gens naïfs.
Les réactions diverses qui ont accompagné le prétendu plan de paix chinois constituent une bonne clef d’identification des « bons clients » du Kremlin.
Ceux-ci ont des relais d’opinion variés, experts, journalistes, diplomates, influenceurs de tout poil qui veulent, la main sur le cœur contribuer à arrêter le massacre.
Une majorité croissante d’Ukrainiens aspire à vivre libre suivant un modèle authentiquement démocratique que le pays n’a paradoxalement jamais connu.
Mais, depuis Maidan ils ne se déjugent pas.
Et en Europe de l’Est le souvenir de l’occupation russe ou soviétique intermittente depuis presque trois cents ans suscite un esprit de résistance de plus en plus inflexible.
Même si des jours plus difficiles sont devant eux, les occidentaux, pour le moment, ne se satisferont pas d’une paix au rabais.
LA GUERRE CONTRE L’OCCIDENT
La nouveauté des derniers jours, c’est que l’Occident presque complètement démocratique est de manière inattendue politiquement très isolé.
Son modèle est rejeté, son passé colonial récent est utilisé contre lui, il n’est plus vraiment craint.
Le prix des guerres d’Irak et d’Afghanistan est en train de s’imprimer sur l’addition, les trois quarts du monde se rangent peu ou prou dans une neutralité anti-occidentale nettement nourrie d’anti-américanisme complété d’entretien de rentes mémorielles dirigées contre les européens.
La réussite économique de l’occident et de son petit milliard d’habitant est bien mal vécue par les 7 milliards restants qui vivent le plus souvent sous des régimes non démocratiques et le plus souvent cleptocratiques.
Certaines zones d’Afrique ou d’Amérique latine sont ouvertement pro-russe parfois même soumises au racket de Wagner quant-au reste il est déjà largement corrompu par la Chine.
N’en déplaise à beaucoup, la guerre en Ukraine est bien une guerre de civilisation entre sociétés démocratiques plus ou moins édentées et ses sociétés pyramidales autoritaires et cleptocratiques.
NOS FAILLES
L’occident lui-même est « travaillé » par des populistes nourris des bouleversements sociaux induits par la société numérique est de plus, frappé par désertion et désintérêt de ses élites pour la chose publique,
Ces « désintéressement », comme eu dit Hanna Arendt, fait le lit d’une aspiration a l’autoritarisme qui mine les sociétés occidentales des deux côtés de l’Atlantique.
Cerise sur le gâteau, reprise de l’inflation et prémisses d’une crise financière menacent les économies principales.
Crise d’autant plus grave qu’elle est « mécanique ».
En simplifiant, on peut dire que les masses d’« argent magique » qui ont protégé notre prospérité aux temps difficiles des sub-primes et du covid sont rattrapées par une inflation forte qui les renchérit et déclenche une crise financière « mécanique » liée à la dépréciation de ces dettes dans le bilan des banques et institutions financières.
Ces turbulences, pas encore jugulées suscitent de grandes hésitations chez tous les décideurs de la planète.
L’aboulie ne répond jamais bien aux crises, encore moins à la guerre.
LE SEISME
Enfin c’est dans ce cadre international en profond déséquilibre que le rapprochement mené sous l’égide de la Chine entre Iran et Royaume Saoudien est un tremblement de terre géopolitique.
La réunion de l’Umma, des chiites et des sunnites, des arabes et des persans, des fidèles musulmans d’Asie centrale, d’Afrique centrale et d’Extrême-Orient, éloigne culturellement pour longtemps le monde musulman en tant qu’entité politique de l’occident démocratique.
C’est aussi le présage à une prolifération des armes nucléaires En Arabie, Asie centrale et Asie Mineure et cela recèle de futurs conflits ou épreuves de force aux portes de l’Europe.
Les bons offices de la Chine la consacrent en grand leader du monde, celui de Bandung et celui des dictatures rudimentaires vassales ou tributaires de la Chine.
Dans cette péripétie la Russie se voit contrainte de plier plus qu’un genou devant Pékin, au fond, même si c’est le peuple Russe presqu’entier qui l’a volontairement induite, est-ce vraiment, pour nous, une bonne nouvelle ?
Que va jouer l’Inde ? Le « front » du Pacifique est-il modifié ? La Chine est-elle solide ? Quels biens ou quels maux sont à venir ?
Avec ses moyens notre Fond s’implique dans cette chaotique marche du monde ; avec bonne volonté, il continue et continuera de participer au débat et à encourager celles et ceux qui agissent et croient dans les valeurs de l’authentique démocratie.
Pierre Brousse
30 Mars 2023
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Activités de soutien & projets
Le FDBDA, dans le cadre de son tropisme pour les espaces maritimes, poursuit son projet d’implantation d’infrastructures des îles Kerguelen. A cet effet, une équipe de projet (avec des partenaires potentiels) s’est constituée et entame des démarches auprès des pouvoirs publics pour s’assurer de la faisabilité du projet.
Pierre Brousse et Emmanuel Véron
Le 30 mars 2023.
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Lettre d’information n° 13 – Printemps 2023.
