C’est un moment tristement éducatif qui nous est administré cet automne.
Le décor et la scène nous offrent outrages, agressions, crimes et massacres.
A l’approche de l’anniversaire de la dernière agression Russe sur l’Ukraine, nous assistons impuissants au nettoyage ethnique du Haut Karabakh et la mise sous pression de l’Arménie.
Plus au sud, le Hamas et L’Iran nous délivrent depuis plusieurs jours une gigantesque opération terroriste, dirigée pour l’essentiel vers les civils les plus vulnérables.
Les recherches d’explications, de mobiles, voire d’excuses sont malvenues. Toutes les racines de ces conflits se plongent dans la nuit des temps.
Alors, il est vain de vouloir désigner des coupables quand c’est l’humanité entière qui est coupable. De même, tout relativisme est suspect. Immanquablement, il aura et a pour but l’absolution de l’un des agresseurs.
Dans cette abominable complexité, il faut s’appuyer sur des idées et constatations simples.
La philosophie d’abord.
Le film immédiat est le suivant :
La Russie agresse l’Ukraine ;
La « nation » turque via l’Azerbaïdjan agresse les Arméniens ;
L’Iran chiite assisté des Frères musulmans, depuis Gaza, déclenche un pogrom sur Israël.
Le mal absolu existe.
La nature des agresseurs, leurs cibles, leur « modus operandi », permettent de déduire, sans doute, que ce sont nos valeurs occidentales qui sont visées.
Ensuite, sur le terrain politique les choses sont plus simples.
La Russie poursuit sa recherche de reconstitution de l’empire soviétique.
Les Turcs en pleine crise économique se rêvent non seulement Ottomans mais aussi héritiers de l’empire turcophone de la steppe. Ils veulent finir le travail entamé en Anatolie en 1915 puis à Lausanne en 1923.
Quant à l’Iran aux prises avec une crise de régime, il s’accroche à l’arc chiite et manipule le Hamas sunnite. Pari risqué ; mais qui pourrait lui permettre de faire pièce aux Saoudiens et à l’Occident tout entier.
C’est presque une seule guerre.
Une guerre contre nos valeurs démocratiques.
Aussi, pour nous occidentaux, la difficulté réside et résidera dans l’injonction paradoxale qui veut que notre engagement soit solide, efficace mais moralement cohérent.
Le brouillard de la guerre sera utilisé contre nous pour faire douter nos opinions publiques de la justesse de nos actions.
Et tout relativisme rapproche et rapprochera d’une capitulation.
Nos faiblesses sont principalement en nous.
D’abord du fait de la lenteur et la difficulté quotidienne que représente la manœuvre des institutions démocratiques et de l’État de droit.
C’est ainsi, par exemple, que le soutien financier et militaire à l’Ukraine est bloqué dans plusieurs pays européens du fait de minuscules chicayas de politique intérieure (agriculteurs en Pologne, corruption en Slovaquie et Hongrie, pénuries dans le reste de l’Europe etc…).
L’Administration américaine, elle non plus, n’arrive pas à faire tenir ses engagements de soutien à l’Ukraine pour des motifs politiciens dont le Congrès est friand. Dans cette même ligne Israël n’a pas d’ambassadeur américain sur son sol faute de consensus à Washington.
De manière un peu comparable, le diplomate Européen en charge du conflit israélo-palestinien vit entre Bruxelles et la Haye, inconnu, à l’abri des regards, discret et important, sachant et impuissant.
Enfin, dans le Caucase l’appartenance de la Turquie à L’Otan s’oppose, à tout le moins complique, un soutien à l’Arménie, hier alliée des Russes. Tandis qu’Ankara veut chasser les porte-avions américains de la Méditerranée orientale.
Alors réagir vite et clair est d’autant plus ardu que dans les parlements qui comptent l’argent du Qatar et d’autres jonche les couloirs. Cette monnaie qui nourrit la « cinquième colonne », celle qui est chez nous, dans nous, dans nos murs, sous nos yeux.
C‘est elle qui relaie les voix du « Sud global » élaborées par les fermes à trolls russes ; celle qui accueille et soutient des sicaires mandatés par le Kremlin ou l’Iran pour attaquer Salman Rushdie, ou tuer nos enfants, nos sportifs, nos professeurs, ou n’importe lequel de nos compatriotes. Surtout celle, qui par calcul électoral cultive sans vergogne l’islamo-gauchisme.
Les guerres de cet automne sont à leur début, elles seront longues, dures et éprouvantes.
Elles ne masquent pas les multiples conflits très dangereux qui ont lieu en Afrique, dans le reste du monde ou qui se dessinent en mer de Chine méridionale.
Ces guerres, ces chaos, obligent.
Ils s’imposent à l’Occident qui pour ne pas sortir de l’Histoire, ne doit pas détourner les yeux et accepter honte et humiliation pour éviter la guerre qui est déjà là, chez nous.
La loi de la gravité géopolitique joue. En prendre notre part dans la durée est incontournable.
Pour ne pas nous perdre, la réponse des vraies démocraties devra être juste, forte et déterminée.
« Winter is coming »
PIERRE BROUSSE
Octobre 2023