Monsieur, Monsieur le professeur;
Vous ne m’en voudrez pas, j’espère, de commencer en utilisant un mot certes désuet mais que j’aime beaucoup: Epater. Oui c’est le mot qui vient à l’esprit en lisant vos ouvrages. Vous êtes Epatant. Vous faites penser à ce que Georges Sand disait de Dumas: « Il avait reçu tous les dons en surabondance, chez lui la fécondité et la prodigalité de l’énergie était à la mesure de la générosité du coeur. »
Enfant, vos grand parents vous offrent un livre illustré par un des plus grands peintres officiels de la marine, Albert Brenet. Les grands vaisseaux que vous découvrez alors dans cet ouvrage vous marquent à jamais.
A la même époque vos parents, mélomanes, écoutaient souvent la musique de Smétana , et « La Moldau » ce si romantique poème symphonique vous ouvre l’esprit à la Tchéquie, à la Bohème. Cette évocation nous conduit naturellement à ce que vous êtes.
Historien, professeur d’histoire moderne en Sorbonne vous êtes aussi directeur adjoint de l’Institut de l’Océan, c’est dire combien et pourquoi vous avez retenu notre attention. Si ces deux fonctions témoignent à elles seules de votre parcours, il convient néanmoins de rappeler que vous êtes aussi directeur du Centre d’histoire de l’Europe centrale et surtout un des meilleurs experts de la France des XVII ème et XVIII ème siècles.
En début de carrière vous étiez déjà un éminent spécialiste de l’histoire des parlements et de l’Europe avant de vous tourner un peu plus vers l’histoire maritime et celle du climat, vous inscrivant par le fait en digne successeur d’Emmanuel Leroy Ladurie qui, faut il le rappeler?, est l’auteur d’une remarquable « Histoire du climat depuis l’an mil ».
Vous nous enseignez que le rapport entre le climat et les phénomènes météorologiques et leurs évolutions dans le temps sont précieux pour l’historien que nous trouverons alors étudiant aussi bien les glaciers, que les anneaux croissants des troncs d’arbres mais aussi les dates des vendanges et bien sûr les relevés des températures qui sont effectués en France depuis 1658, qui l’eut cru? Il devient alors évident qu’en 1588 l’Invincible Armada, a été vaincu essentiellement par les éléments et que cinq siècles plus tôt les vents ont très largement contribué au succès du débarquement de Guillaume le Conquérant.
Pour trouver des exemples concernant notre pays je ne peux que recommander la lecture de votre livre « La mer et la France » qui traite au fil de notre histoire de l’importance des vents et des courants, ces phénomènes marins qui poussent ou laissent sur place changeant alors la destinée d’un homme ou d’un Etat. Et pas de doute: La France vue depuis la mer n’est pas toujours identique à ce qu’elle est depuis la terre.
Autre ouvrage …épatant est votre « Apprendre la mer ». Les profanes du monde maritime y découvrent la complexité des métiers en mer, la difficulté à dominer le milieu, mais aussi que les marins possèdent une langue bien à eux, qu’ils ont une manière de voir et de réfléchir particulière avec un rythme de travail pas vraiment adapté aux tenants des 35 heures, que l’étroitesse des lieux et l’inconfort peut conduire parfois les hommes à la violence en plus de celle des éléments, il y a les difficultés à se tenir, à se mouvoir avec souvent ce fichu mal de mer. Ce qui était vrai du temps de la marine à voile reste d’actualité. Mais revenons à terre avec votre livre « La Montagne blanche » qui traite de la célèbre bataille tournant décisif de la guerre de Trente ans.
Cet ouvrage manifeste votre rigueur académique en étant par ailleurs une ressource précieuse pour qui s’intéresse à l’histoire de l’Europe centrale et aux bouleversements religieux et politiques de ce début du XVII ème siècle.
Il y a aussi « Le règne de Louis XIV », avec son corollaire « L’année des quatre dauphins ». Chers et distingués invités je me devais de faire une toute petite bibliographie tant ces livres parmi d’autres témoignent de la contribution majeure de Monsieur Olivier Chaline à l’étude de l’histoire moderne, ils sont reconnus pour leur capacité à éclairer des périodes clés de l’histoire. Je pourrais bien sûr parler longuement de l’écrivain, travailleur talentueux qui a beaucoup produit aussi bien en individuel qu’en collectif mais je serai fâché d’en dire d’avantage, je risquerai de tout gâter.
Alors maintenant quelques mots sur le professeur qui a formé bien des élèves , un grand nombre d’étudiants et dirigé de nombreuses thèses. Monsieur, si on se penche sur les qualités qu’on est en droit d’attendre d’un professeur universitaire, en vérité, selon l’expression triviale, vous cochez toutes les cases : -Expertise académique,
-Passion pour l’enseignement,
-Capacité à motiver,
-Engagement envers la recherche,
-Ethique professionnelle.
C’est pourquoi vous êtes une référence incontournable pour quiconque souhaite approfondir ses connaissances sur l’histoire moderne et l’histoire maritime.
Aussi Monsieur le Professeur, ai-je la fierté de vous remettre le Grand prix du Fond de dotation Brousse dell’Aquila en vous remerciant de l’honneur que vous nous faites de bien vouloir l’accepter.