Publié le vendredi 11 avril 2025
Alors que Donald Trump a annoncé le 9 avril taxer les produits chinois à hauteur de 125%, la Chine réplique ce vendredi en portant à 125% également ses surtaxes sur les produits américains. Dans le même temps, Trump a établi un taux plancher de 10% pour le reste de ses partenaires commerciaux.
Avec
- Sébastien Jean, professeur d’économie au Conservatoire National des Arts et Métiers et directeur associé de l’initiative Géoéconomie-géofinance de l’Ifri (Institut français des relations internationales)
- Emmanuel Véron, géographe, spécialiste de la Chine contemporaine, chercheur associé à l’école navale et à l’INALCO, membre de l’Institut Français de Recherche sur l’Asie de l’Est (IFRAE)
- Amaury Mulliez, responsable du bureau risque pays à l’Agence Française de Développement
En une semaine, la guerre commerciale menée tambour battant par Donald Trump a rebattu les cartes de la mondialisation telles qu’elles s’organisaient jusque-là. Tout a basculé le 2 avril, jour de la déclaration d’indépendance économique des États-Unis, le fameux « Liberation Day », où 185 pays se sont assujettis à des droits de douane supplémentaires, « correspondant à la moitié des taxes que l’on nous fait payer », a précisé Donald Trump, avec un seuil minimal de 10%. Rares sont ceux à être épargnés. Seule la Russie, Cuba et la Corée du Nord y échappent. Au total, les droits de douane auraient dû atteindre 24% en moyenne, soit un protectionnisme assumé et surtout totalement inédit. Seulement voilà, un nouveau coup de tonnerre a retenti il y a deux jours lorsque Donald Trump a annoncé revenir sur cette décision en publiant un décret qui suspend de fait ses surtaxes pour une durée de 90 jours.
La mondialisation selon Trump : qui paiera le prix de la guerre commerciale ?
Trump, adepte du choc stratégique
Ce n’est pas la première fois que la stratégie du coup d’éclat puis de la pause est employée. L’administration Trump en avait déjà fait usage, notamment avec ses voisins du Mexique et du Canada. Une stratégie censée lui permettre de tenir la dragée haute lors de négociations qu’il entend tourner bien sûr à l’avantage des États-Unis.
Retour à la case départ, donc 10% pour tout le monde, sauf pour la Chine. Et le contraste est d’autant plus saisissant que Donald Trump en a profité pour annoncer des droits de douane à hauteur de 125% pour tous les produits chinois. Ce matin même, la Chine a répliqué. Elle fixe également des droits de douane sur les marchandises américaines. importés largement augmentés. L’heure est donc à l’escalade entre les deux géants qui représentent à eux de 43% du PIB mondial. Une guerre commerciale dont les origines ne datent pas d’hier, mais qui pourrait coûter cher. Diviser l’économie mondiale en deux blocs pourrait réduire de presque 7% le PIB mondial. Les effets macroéconomiques négatifs ne se limiteront pas aux États-Unis et à la Chine, mais s’étendront à d’autres économies, en particulier aux pays les moins avancés, a prévenu avant-hier la directrice générale du commerce.
Alors qui paiera le prix fort de cette guerre commerciale ? Les économies émergentes chez non cruciales des chaînes d’approvisionnement vont-elles faire les frais ? Des revirements quasi permanents de situation ? La santé économique des pays passera-t-elle par la négociation ? Et surtout avec qui ? Choisir son camp est-il une option ou bien est-ce devenu une nécessité ?
L’équipe
- Aliette Hovine Production
- Françoise Le Floch Réalisation
- Diane de Vanssay Collaboration
- Tina Iung Collaboration
- Anouk Milliot Collaboration
- Bruno Baradat Production déléguée
- Paul Weinachter Stagiaire
