La résistible ascension de la Chine – pt. 1 : un régime mutant

Emmanuel Veron

« Une tyrannie totalitaire pourrait nous satisfaire, elle aussi, dans nos besoins matériels. Mais nous ne sommes pas un bétail à l’engrais. La prospérité et le confort ne sauraient suffire à nous combler. Pour nous
qui fûmes élevés dans le culte du respect de l’homme, pèsent lourd les simples rencontres qui se changent parfois en fêtes merveilleuses… »
Antoine de Saint-Exupéry – Lettre à un otage (1943).

Pékin. Quel est le statut véritable du régime chinois ? Comment qualifier sa puissance ? Longtemps un préjugé hérité de la guerre froide a dissocié la nature des régimes totalitaires entre eux. Le communisme chinois aurait échappé dans un premier temps aux dérives staliniennes comme le prétend un Alain Badiou et d’autres nostalgiques de la Révolution. En réalité, il n’en est rien. Et les travaux de Lucien Bianco (autant que Simon Leys en son temps, d’ailleurs discrédité par la doxa) ont montré que la Chine de Mao Zedong avait reproduit le schéma soviétique avec les mêmes errements idéologiques, le mensonge érigé en doctrine d’Etat. Des désastres aussi considérables s’ensuivirent. Ils se poursuivent encore.  Cet article propose d’exposer la structure du régime de Parti-Etat dirigeant la puissance chinoise aujourd’hui après un peu plus de 70 ans de règne.

Un jeu de go permanent dans l’ordre international

Fallait-il se laisser conduire par « le poids de l’évidence et de la raison » pour parler le langage d’un De Gaulle qui dès l’année 1964 reconnaît Pékin ? C’est que les Chinois ont désormais la bombe. Les Américains s’engouffrent dans la brèche diplomatique française. Washington mise sur un rapprochement avec la Chine pour faire contre-poids à la menace soviétique en Asie orientale. Kissinger est à la manœuvre. La médiation chinoise à laquelle les Français avaient eu eux-mêmes recours au sortir de leur guerre coloniale au Vietnam (1946-1954) lui paraît de nouveau incontournable. De ce deal, les Chinois obtiendront beaucoup. La balkanisation de l’Asie du Sud-Est et une alliance avec les Khmers Rouges contre les communistes de Hanoi, soutenus par Moscou, d’une part. L’éviction en 1971 de Taïwan et de ses représentants au sein du Conseil de sécurité, d’autre part. Quelques mois plus tard, alors que la Révolution culturelle fait rage, Richard Nixon, Président des Etats-Unis débarque dans la capitale chinoise et pose les jalons d’une reconnaissance diplomatique avec l’Etat communiste chinois.

Un mélange des genres s’installe. Il brouille les repères. Chez les Républicains qu’on ne peut pourtant pas soupçonner de sympathie pour les communistes. Mais aussi vis-à-vis de Taïwan avec lequel est signé un accord en 1979, le Taïwan Relations Act.  Plus que jamais en vigueur depuis que Donald Trump a honoré Taipei de nouvelles commandes militaires, il complexifie la relation Chine / Etats-Unis tout en ménageant une distanciation stratégique nécessaire aux intérêts américains. Mais le brouillage s’accentue dans le choix idéologique qu’assume Washington pour l’élaboration de sa politique économique à l’égard de la Chine. Il se traduit par une reconduction systématique de la clause de la nation la plus favorisée et un soutien de la candidature de Pékin au GATT (l’ancêtre de l’Organisation Mondiale du Commerce). En 1985, Deng Xiaoping est élu par le Time Magazine homme de l’année. Quatre ans plus tard, les massacres de Tiananmen sont toutefois un choc pour l’opinion américaine. Un embargo est imposé à la Chine. Il sera progressivement levé à l’exception de la vente d’armes encore à ce jour proscrite. La chute de l’URSS est une aubaine pour Pékin. Et dans l’euphorie qui s’empare des chancelleries, l’approche néo-libérale fait bien des émules.

Le Parti-Etat a ainsi procédé de la sorte en Etat stratège, faisant des transferts de technologies et accumulation de recettes commerciales, deux paramètres l’essentiel de son intelligence stratégique et économique. Depuis le lancement des réformes, la République populaire de Chine (RPC) a connu un développement et une montée en puissance sans précédent. Elle est à un niveau de puissance inégalée dans son histoire longue. Dans le même temps, le monde n’a jamais connu une Chine aussi puissante.

Ni la crise politique et sociale de mai-juin 1989, ni la crise économique asiatique de 1997 et ni la crise financière internationale de 2008 n’ont ralenti son processus de développement et d’ascension. Au contraire, après les troubles de Tiananmen, la disparition de l’URSS et le renforcement des États-Unis, Pékin a initié une mise à jour de sa politique internationale, de ses intérêts stratégiques vitaux et sa doctrine d’emploi des forces. Ces dynamiques sont marquées par l’obsession d’un retour de la Chine comme grande puissance. Puis, en 2001, l’accession à l’OMC a favorisé son statut de puissance commerciale d’abord en Asie et depuis 2008-2009, Pékin a su tirer des bénéfices de la crise financière en opérant une mue de sa politique internationale : extension de son aura dans les organisations internationales, internationalisation accrue de ses champions nationaux, accroissement de son influence tous azimuts et des interdépendances à la Chine, enfin, montée en puissance de son outil militaire.

Dépasser ses contradictions

Il n’y a pas de démocratisation politique possible sans une libéralisation économique, croit-on. La Chine semble vouloir s’y rallier. Ne se caractérise-t-elle pas comme « une société socialiste à économie de marché » ? Le régime chinois n’est plus à un oxymore près. N’a-t-il pas exhorté ses concitoyens à « reconstruire la Grande Muraille » ? Cette logique de l’enceinte distinguant un intérieur civilisé (dominé par le monde Han) d’un extérieur désordonné et vecteur de menace se manifeste avec lustre à travers la « Grande Muraille de sable » en mer de Chine méridionale. La poldérisation et la militarisation de cette mer (accélérées depuis 2015) forgent aujourd’hui les éléments de la sécurisation d’un ensemble vulnérable.  Etrange quand, dans le même temps, est vanté le desserrement économique du pays…C’est que tout dispositif d’ouverture s’accompagne, en Chine, d’un dispositif de fermeture. Côté occidental, on y voit une « chinoiserie » de plus et surtout la promesse d’un extraordinaire eldorado et d’une alternative crédible pour un monde multipolaire.  L’intégration en 2001 de la Chine au sein de l’OMC parachève cette Longue Marche. En trente ans, cet Etat-continent, qui comptait parmi les plus pauvres de la planète, aura souscrit au multilatéralisme, épousé les mutations du marché en ouvrant significativement les portes du Parti Communiste aux hommes d’affaires (et les affaires aux militaires). Spectaculaire mutation dont ce Parti fait preuve : paysan à ses origines, accueillant des ouvriers ensuite, il finit par intégrer dans ses rangs l’aristocratie de la high tech et des futurs géants chinois du net. Le Parti n’a pas pour autant renoncé à son socle idéologique, le marxisme-léninisme. Pure forme ? Rien n’est moins sûr. La modernité, pour les premières générations de dirigeants communistes chinois, est d’inspiration soviétique.

Au reste, le Guomindang, Parti historique rival réfugié à Taïwan, s’est nourri aux mêmes sources idéologiques. Elles offrent un cadre de survie à ses membres qui longtemps ont subi la clandestinité, avec un culte du secret qui les habite, et un idéal : reconstruire une Chine forte, longtemps désunie. Le cadre est ainsi donné. Le contenu peut, lui, être changé au gré des circonstances. Au milieu des années quatre-vingt-dix, l’idéal révolutionnaire semble définitivement appartenir au passé. Gaobie Geming (« Adieu la Révolution » – 1995) des philosophes Li Zehou et Liu Zaifu est en ce sens l’ouvrage porte-parole de toute une génération. Elle se dit sacrifiée pour avoir été aux avant-postes de la contestation à Tiananmen, plusieurs mois avant l’effondrement du Mur de Berlin. De cette révolution avortée, elle n’aura récolté aucun fruit. Un an plus tard, c’est un collectif d’idéologues qui défraie la chronique. La Chine peut aussi dire non (« zhongguo ye keyi shuo bu ») : tel est l’intitulé de ce pamphlet ultra-nationaliste. Il critique d’une part et non sans raison le révisionnisme historique des Japonais quant à la conduite et à l’interprétation de leurs crimes pendant la seconde guerre mondiale et s’en prend à l’Occident coupable de vouloir systématiquement humilier la Chine et les pays du Tiers-Monde. Rétrospectivement, on verra plus d’une affinité entre ces deux ouvrages. Allégorie d’une Chine à deux visages, Janus tel que l’incarnerait aujourd’hui Xi Jinping.

Le Parti et l’Etat : comment le premier oriente et utilise le second ?

Cette allégorie est à l’image des mutations opérés par le PCC depuis les réformes. En particulier sous l’égide de Jiang Zemin, depuis le début des années 2000 et « les trois représentativités » (sange daibiao), résumée sous la forme « politique, culturelle et économique », le Parti a réussi à intégrer l’élite économique du pays, forgée depuis le lancement des réformes et l’insertion de la Chine dans la mondialisation.

Xi Jinping pose dès son arrivée au pouvoir son empreinte à travers la vaste campagne anti-corruption (qui n’est pas achevée et sous l’égide de la Commission centrale de l’Inspection disciplinaire – CCID, organe du PCC), puis par l’institutionnalisation de sa « pensée » en l’inscrivant dans la constitution (une révision constitutionnelle), prolongement des changements de cette dernière et la fin du cumul de deux mandats de Président. Outre la personnalisation accrue du pourvoir par le Xi Jinping (trois fois chefs : du Parti, de l’Etat et des Armées), des transformations structurelles sont à l’œuvre depuis 2012. Le PCC s’est renforcé et a recomposé ses relations avec la sphère institutionnelle publique. Ainsi le Parti renforce son autorité sur l’Etat. Pour autant, le Parti et l’Etat ne sont pas une seule et même entité mais très fortement inféodés. Chacune a son propre pouvoir. Cependant, l’organisation de l’Etat se fait dans l’intérêt d’un contrôle absolu du Parti sur lui-même. En ce sens, l’Etat est subordonné au Parti, il n’a en rien la possession d’un pouvoir autonome.

D’un côté l’Etat englobe un pouvoir central organisé autour du Conseil des Affaires de l’Etat, des ministères, des commissions, une assemblée législative et consultative, une Cour populaire suprême ; un Parquet populaire suprême et enfin une Commission nationale de Supervision. Cette dernière institution a été créée en 2018 et a pour objectif de discipliner la chose publique. Au niveau local, les mailles administratives (provinces, municipalités, districts ruraux et arrondissements) ont leur assemblées, cours, parquets, commissions et « gouvernements populaires ». A cela s’ajoute les services publics et plusieurs centaines de milliers d’entreprises (évaluées à plus de 310 000 selon le Bureau National des Statistiques).

De l’autre côté, le Parti, compte un peu plus de 90 millions de membres (seul le BJP en Inde serait l’organisation politique la plus volumineuse au monde avec près de 115 millions de membres). Le PCC est une organisation léniniste, la plus puissante depuis. Ses membres sont présents dans toutes les sphères, publiques ou privées, professionnelles ou associatives. Organisés en groupes, comités ou branches, les membres du PCC dans les institutions, les entreprises et les administrations peuvent y jouer un rôle important, en particulier, les comités et les groupes. Ces derniers représentent respectivement au minimum une centaine de membres et l’élite du Parti. Le PCC est un organisme centralisé et pyramidal. A son sommet, on retrouve le Comité permanent du Bureau politique (7 membres), en dessous, le Bureau politique (25 membres) et enfin le Comité central (205 membres). Au niveau local, chaque maille du territoire, de l’économie, de la sécurité et de la justice sont irrigués par des représentants du PCC. Enfin, nombreux sont les membres du PCC qui sont aussi en responsabilité dans l’administration, des entreprises et autres institutions. Ces doubles fonctions existent aussi bien au plus sommet du Parti-Etat qu’à l’échelon local.

Le Parti contrôle, oriente et dirige l’Etat. Ce dernier est le prolongement administratif et technique du pouvoir du PCC partout et tout le temps en Chine ; le prolongement des capacités d’action du PCC en Chine (y compris bien sûr en matière de politique étrangère). La presse et les médias sont soumis à la censure et aux décisions du PCC ; la justice n’est pas indépendante, l’Armée (Armée populaire de Libération – APL) et la force paramilitaire (Police armée du Peuple – PAP) sont celle du Parti (sous l’autorité de la Commission militaire centrale – CMC, présidée par Xi Jinping) et non de l’Etat, selon la formule de l’ère Mao : « le Parti commande aux fusils ». Aussi, il n’existe pas d’étatisation du Parti. Cette dernière hante les hautes sphères du Parti, y voyant en elle, la désintégration de l’URSS : étatisation du PCUS et perte de contrôle sur l’Armée. En cela, l’organisation du PCC dans chaque entité et le renforcement du pouvoir de ce dernier sur l’Etat et ses composantes éloignent le spectre d’une étatisation du Parti. Chaque discours officiel (y compris dans les médias et l’espace public ou les programmes d’éducation ou universitaire à l’aide de code couleur en continuité avec les débuts du régime en 1949 – rouge pour le Parti et noir pour l’Etat) distingue précisément le Parti de l’Etat, afin de mieux assoir le pouvoir du premier sur le second. Lors du 19e Congrès du PCC en octobre 2017, Xi Jinping déclaré : « Parti, État, affaires militaires, affaires civiles, éducation – est, ouest, sud, nord, centre – le Parti dirige tout ». (dang zheng jun min xue, dong xi nan bei zhong, dang shi lingdao yiqie de).

La reprise en main par le Parti s’illustre en premier lieu par l’ampleur de la lutte anti-corruption supervisée par Wang Qishan, qui n’est pas membre du comité permanent du bureau politique, mais très proche de Xi Jinping. Deuxièmement, la création et le renforcement du rôle des « Petits Groupes », tous présidés par Xi Jinping, sur les sujets stratégiques et sécuritaires assoient plus encore la mainmise du Parti sur l’Etat. Enfin, la réforme de l’APL de 2016 et le renforcement du Parti sur les entreprises publiques dès 2015 parachèvent l’aura et l’autorité du Parti. Xi Jinping incarne de manière aboutie la personnalisation du pouvoir, celle du Parti tout puissant articulant avec autoritarisme l’ensemble des entités de l’Etat Chinois.

L’Empire : une tradition rêvée

Mais cette dérive nationaliste prend une coloration nouvelle avec la réhabilitation du confucianisme. Tradition réinventée, hybridité du discours : la Chine, comme le souligne le philosophe Gan Yang, est désormais la conjugaison d’une Chine impériale et d’un legs transmis par Mao Zedong. Une idéologie nouvelle s’en inspire : le national-confucianisme. Elle met à l’honneur les principes de souveraineté et d’autorité. Principes jouant sur des répertoires très divers qui vont de l’éducation, au respect absolu des instances du Parti en passant par l’affirmation des intérêts Han en Chine même et dans le reste du monde. Ces principes sont à l’origine d’une gouvernance qui ne souffre d’aucune dissidence. Ils s’exercent d’autant mieux que toute forme de contre-pouvoir est bannie. L’illusion démocratique n’est pas pour autant pas absente. Ne parle-ton pas désormais de « démocrature » pour qualifier les relations établies entre le régime et la population ? Cette dernière a largement bénéficié des réformes qui permettent à sa classe moyenne de voyager, de consommer. En cela, les critères définis par Hannah Arendt sur le totalitarisme ne s’appliquent plus à la Chine. Hors norme, la dictature chinoise s’appuie sur la toute-puissance technologique et la permissivité consumériste. En cela, elle a su créer dans l’histoire des régimes politiques un genre inédit. Le développement d’Internet est perçu par le pouvoir central comme un double avantage politique et stratégique en écho à l’histoire longue dans sa capacité de gouverner : en interne, le contrôle extrêmement puissant et intrusif de la population et à l’étranger, un outil de conquête et de cyber-offensive. La création d’un Internet Chinois dès les années 1990 jusqu’à aujourd’hui où les géants du web Chinois (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi – BATX) travaillent en relation très étroite avec le Parti procède de ce dispositif du pouvoir. C’est à présent une cybercratie nationaliste et autoritaire qui n’hésite plus à afficher ses ambitions mondiales à travers un projet promu par son dirigeant suprême en 2013 : les « Nouvelles Routes de la Soie ».

Ce dernier est tout à la fois un projet d’aménagement du territoire en continuité avec celui dit du « Développement de l’Ouest » (xibu da kaifa) de la fin des années 1990, visant à arrimer le grand ouest chinois, non-Han, quasi vide d’homme (en comparaison aux terres centrales et littorales très densément peuplées), mais très riches en ressources naturelles (minerais et hydrocarbures et espaces vides à cultiver) ; de politique intérieure, pour le développement de l’Ouest et le contrôle des populations minoritaires ; enfin, un projet géoéconomique et géopolitique, par essence ; la Chine se percevant au centre du monde, d’où partiraient les « nouvelles routes » de commerce par voie de terre et de mer. Par là même, inutile de soumettre par l’épée, mais plutôt par la dette les pays riverains de la Chine et ceux dans le prolongement des axes de communication à travers l’Asie, le Moyen-Orient jusqu’en Afrique et en Europe. Dans les faits, ce projet dit « Belt and Road intitiative » (ci-après BRI) incarne la continuité, sinon l’articulation entre politique intérieure et politique extérieure. Au lendemain de la crise financière de 2008-2009, les grands capitaines d’industries paraétatiques (construction, cimentier etc.) sollicitent le nouveau chef du Parti et de l’Etat afin d’être aidés à exporter les surcapacités industrielles vers des pays dont les relations avec la Chine illustraient la montée en puissance de Pékin : Asie centrale, continent africain et Asie du Sud-Est. En ce sens, il n’est pas anodin de retrouver les plus grandes banques chinoises (ICBC, Bank of China, Agricultural Bank of China ou encore China Construction Bank) aux côtés de l’Exim Bank (banque d’import-export de Pékin) dans les méga projets d’infrastructures de BRI. Reliant l’impératif industriel et commercial, Xi Jinping allait marquer de son empreinte le renouvellement de la politique étrangère chinoise en faisant de BRI le vecteur majeur, englobant et inclusif de sa stratégie. Dès lors, chaque pays pouvait rejoindre le projet ; chaque secteur (économique, industriel, diplomatique, culturel) serait autant de marqueurs de cette offensive diplomatique.

Au total, la RPC dirigée par le Parti-Etat incarne aujourd’hui plus encore qu’il y a une décennie le retour d’une structure impériale affirmée très éloignée de l’Etat-Nation. En quête de parité stratégique avec les Etats-Unis, et à termes, l’ambition d’être la première puissance mondiale, le Parti-Etat vit, cependant, toujours dans la crainte d’un effondrement. Le renforcement, ces dernières années, du Parti sur l’Etat illustre cette angoisse quitte à insuffler au peuple l’idée d’une menace intérieure venant des cinq poisons (wudu) du Parti (défenseurs de l’indépendance de Taïwan, les prodémocraties, les Ouighours, les Tibétains et les adeptes du Falun Gong) ou de l’extérieur venant de l’Occident en particulier.

Par Emmanuel Véron & Emmanuel Lincot. Cet article a été initialement publié dans la Revue Le Grand Continent le 14 mai 2020. Vous pouvez lire l’article original en cliquant sur le lien ci-dessous :

La résistible ascension de la Chine, pt. 1 : un régime mutant

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