Par Pierre Brousse
Vendredi dernier, à la quasi unanimité, le dernier jour possible, à Bruxelles, le Parlement européen a ratifié l’ accord de sortie du Brexit.
Ratification bizarre.
De son coté, dès l’emblée le Royaume Uni viole les dispositions du texte dont l’encre n’est pas sèche.
Le peuple britannique ne comprend pas bien ce qui lui arrive. De nombreux retraités expatriés doivent quitter leurs résidences européennes, les pêcheurs ont du mal à vendre leurs poissons sur le continent, les circuits industriels souffrent d’une désorganisation -heureusement masquée par la pandémie – les services de la City perdent l’accès facile à leur premier marché et les échanges de produits agricoles se ralentissent.
Nos voisins sont tous d’accord pour dire que ce n’est pas ce à quoi ils s’attendaient.
Si cela est douloureux pour les britanniques, pour les européens, excepté pour les pêcheurs – dont le futur régime attendra encore quelques années – les inconvénients sont diffus, presqu’indolores. Sauf en Irlande l’opinion publique Européenne se désintéresse profondément du sujet. Partout le gouvernement de sa Majesté est déconsidéré ; la tromperie des eurosceptiques xénophobes est devenue patente ; mais au fond, l’anglais préfère son splendide isolement.
Pourtant les dispositions du traité et du protocole Nord Irlandais ont ranimé les mânes du terrorisme unioniste, du séparatisme écossais et creusé un peu plus la fracture culturelle. Enfin, l’égoïsme de scandinaves fera, nous le savons depuis jeudi, que les « fishs and chips » du Royaume Uni devront être approvisionnés à partir de l’Europe ; les britanniques ne pourront plus pour un certain temps pêcher leur nourriture en mer de Norvège !
Mais tout cela n’est que l’écume. Plus que ses mensonges, les errements du Premier Ministre face à sa compagne, ses collaborateurs, les bienfaiteurs du parti conservateur, les petits patrons de Belfast, l’honnêteté tout court, ou même son travail ; ont un peu plus miné la confiance des britanniques dans leur classe politique.
Le pays qui voici un demi siècle perdit un Empire n’est pas près de s’inventer un rôle ; Il devra d’abors retrouver une cohésion, un projet, un avenir.
Sans nous ; hélas et tant mieux !
Pierre Brousse
Paris samedi 1er Mai 2021