Diable ! Que l’actualité internationale est dense depuis quelques semaines.
- Les incendies involontaires et incontrôlés qui embrasent l’Australie orientale.
- Un losange de casse-têtes chinois :
Négociations économiques dures et incertaines avec leur premier partenaire commercial les USA.
Découverte par l’opinion internationale de l’échelle de la répression sur les Ouïgours.
A Hong Kong un cinglant échec électoral infligé par les électeurs locaux au pouvoir pékinois avec incapacité de rétablissement de l’ordre en respectant les règles et l’esprit du « handover ».
A Taïwan, en dépit d’une ingérence aussi excessive que grotesque de la part de Pékin, un vote anti-Pékin et, la dissimulation de son résultat à l’opinion publique de « mainland ».
Une gestion hésitante et pour le moment peu convaincante de l’épidémie du coronavirus.
Enfin perte de contrôle sur l’allié Nord-Coréen.
- L’Inde de Modi s’engage, comme la Birmanie, dans une politique agressive de ségrégation religieuse réanimant les braises confessionnelles comme à l’indépendance du Raj.
- L’escalade de la « guerre des islams » solidarise les sunnites qui enrôlent ou sont enrôlés par Israël -au prix du petit sacrifice de la Palestine- ; exacerbe l’isolationnisme américain et sert les interventionnismes paradoxaux et subtils des Russes et des Turcs.
- Enfin, le Brexit va pour plusieurs mois encore brouiller et hystériser l’attention des Européens et de tous ceux que le Royaume Uni veut désigner comme potentiels partenaires bilatéraux. Cette recherche de l’instrumentalisation contre l’isolement est susceptible, par un « effet papillon » de cristalliser alliances ou creuser des fossés dans un climat d’incertitudes non maîtrisées (e.g. :Huawei et la 5G).
L’importance de toutes ces questions aux ressorts souvent récents -si on se réfère au temps long des relations internationales- appelle action et explication.
Le sentiment de vivre une rupture historique de civilisation se nourrit de l’accumulation de sujets anciens aux clefs d’analyses connues, parfois même éculées, avec ceux générés par les révolutions technologiques, le recul de l’aspiration démocratique*, l’abandon des masses au populisme, la dégradation accélérée de l’environnement.
Pour nous Européens il ne s’agit pas à l’instar de Greta Thunberg de se plaindre d’une inconscience largement imaginaire de la réalité ; il s’agit, sur la totalité des questions ci-dessus, de dessiner leurs articulations et leurs interactions, à partir desquelles l’action de nos Etats doit s’organiser.
Le mutisme officiel est probablement largement dicté par la crainte des réactions très négatives que susciterait, dans l’opinion, la mise en œuvre de mesures qui permettent d’atteindre des objectifs compris et en théorie acceptés par presque tous (e.g. : taxe diesel et gilets jaunes).
Néanmoins, il est bizarre, dommage, voir intolérable que les autorités européennes et françaises ne portent pas devant le public ces questions et les réponses articulées qu’elles proposent ou mettent déjà en œuvre.
Nous souhaitons, dans cette ligne, voir, écouter ou lire beaucoup plus souvent M.M. Borrel, Le Drian et beaucoup d’autres.
Qu’ils se rassurent, ils supporteront facilement la comparaison avec les Pompéo, Raab, Rafsanjani, Trump qui eux occupent la scène.
En mer, naviguer entre les grains appelle une manœuvre subtile et pragmatique ; elle n’est réalisable que par la mobilisation complète de l’équipage. Une explication de manœuvre silencieuse ou à bas bruit n’y parvient jamais.
Pierre Brousse
Paris le 1er Février 2020
* Nous distinguons les institutions démocratiques de l’esprit démocratique.